
L'arrestation et la détention prolongée du journaliste Stanis Bujakera, correspondant du magazine Jeune Afrique en République Démocratique du Congo (RD Congo), sont vivement critiquées par l'organisation Journaliste en danger (JED) qui a exprimé ce mercredi sa protestation vigoureuse, qualifiant cette situation de "prise d'otage" et appelant à la libération immédiate de Bujakera.
Pour Journaliste en danger (JED), la détention prolongée de Stanis Bujakera, en l'absence de preuves solides liant le journaliste à la publication de Jeune Afrique qui pose problème, s’apparente à une "prise d'otage". L'organisation appelle non seulement à la libération immédiate du journaliste, mais aussi à ce que son dossier soit rapidement présenté devant un juge pour que la justice puisse statuer de manière équitable.
Le 8 septembre 2023, Stanis Bujakera a été arrêté à l'aéroport de Kinshasa-Ndjili après son retour de mission. Il a ensuite été interrogé pendant plusieurs heures par la Commission chargée d'enquêter sur l'assassinat du député de l'opposition Chérubin Okende en juillet dernier. À la suite de cet interrogatoire, Bujakera a été transféré au Parquet de Kinshasa et placé en détention provisoire pour "propagation de faux bruits et diffusion de fausses informations".
Les autorités congolaises reprochent à Bujakera sa prétendue implication dans la publication d'un rapport attribué à l'Agence Nationale des Renseignements (ANR) par Jeune Afrique, dans lequel les renseignements militaires sont mis en cause dans l'assassinat du député de l'opposition. Le gouvernement avait qualifié ce rapport de "faux" dans une correspondance adressée à la rédaction de Jeune Afrique.
Pendant son interrogatoire, Stanis Bujakera a nié être l'auteur de l'article incriminé, soulignant que celui-ci n'était pas signé de son nom. Des représentants des organisations professionnelles des médias ont également dénoncé l'arbitraire de son arrestation lors d'une réunion avec le Ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, le 11 septembre. Ils ont exigé sa libération immédiate pour qu'il puisse comparaître en homme libre devant un tribunal.
Une requête de mise en liberté provisoire déposée
L’avocat de Stanis Bujakera, Me Grâce Tshiashala, a déposé mardi une requête de mise en liberté provisoire. L'avocat a rappelé au procureur du tribunal de grande instance de la Gombe que "la liberté reste la règle et la détention en est l'exception". Il a souligné le fait que M. Bujakera avait un emploi fixe et qu'il n'avait aucun antécédent judiciaire. De plus, l'avocat a assuré que "sa fuite n'était pas à craindre".
Des vives réactions qui se poursuivent
La détention prolongée de Stanis Bujakera continue de susciter une vague d'inquiétudes au sein de la société civile nationale et internationale, de l'opposition politique et dans les milieux diplomatiques. Les observateurs craignent que cet incident ne fasse partie d'une tendance plus large de répression à l'approche des élections présidentielles, rappelant les avertissements de Reporters sans frontières (RSF) en juillet dernier. RSF s’était alors exprimé avec préoccupation face à l'intensification des pressions sur les journalistes et les médias en RDC, indiquant que les journalistes sont de plus en plus pris à partie physiquement lors d'événements politiques, et certains font face à des menaces de poursuites judiciaires abusives. RSF, une organisation internationale de défense des journalistes, a également appelé à la libération immédiate et sans conditions de Stanis Bujakera.
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