
Alors qu’il avait annoncé une communication importante pour ce jeudi 29 février 2024, le Procureur général près la Cour de cassation en République démocratique du Congo, Firmin Mvonde, a annoncé, selon lui, les circonstances de la mort de l’ancien ministre et opposant Chérubin Okende.
Firmin Mvonde qui dit se baser sur les conclusions des enquêtes récentes, a affirmé que “Cherubin Okende aurait mis fin à ses jours”. Alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour réfuter cette affirmation, avançant la version selon laquelle le corps de Cherubin Okende était criblé de plusieurs balles, la justice congolaise a apporté une nouvelle précision arguant que le corps de l’opposant était retrouvé criblé “d’une seule balle” tirée par le decujus lui-même.
“Le corps de Chérubin Okende n’a subi aucun traumatisme selon l’autopsie. Son corps n’était pas criblé des balles mais plutôt d’une seule balle tirée par lui même », a expliqué Firmin Mvonde, affirmant également qu’un agenda dans lequel le disparu aurait écrit trois jours avant sa mort : « je suis au bout du rouleau », a été retrouvé. “Deux ou trois jours avant son décès, il faisait parfois des sorties inopinées, lui-même au volant, monologuant, s'adressant à son garde du corps demandant pourquoi est-ce qu'il n'était pas aimé”.
D’après le magistrat qui a fait savoir que la suite de l'enquête consistera à comprendre non pas l'identité de l'assassin, mais plutôt la cause qui préoccupait Chérubin Okende, ils ont également pu récupérer les données téléphoniques de celui-ci. Ces données montrent, explique le procureur général, que la veille de sa mort, l’ancien ministre aurait été localisé du côté de l'avenue Sendwe (Commune de Kalamu) vers 16 heures, puis dans la commune de Barumbu, vers Ndolo, aux alentours de 22 heures.
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Pour le moment, les détails entourant cette tragédie, suscitent une vague de débats et d'interrogations dans l’opinion congolaise. En effet, cette conclusion de la justice congolaise survient seulement quelques matins après que le président de la République Félix Tshisekedi a lui-même sérieusement critiqué la justice congolaise, la décrivant, comme étant “malade” et pleine de tergiversations.
Ainsi pour plusieurs observateurs qui rejettent en bloc cette version de la mort de Chérubin Okende, la sortie médiatique du procureur général de la Cour de Cassation jette une fois de plus la lumière sur les défis auxquels la République démocratique du Congo est confrontée en termes de fonctionnement de la justice.
Et alors que nombreux congolais sont en émoi face à cette révélation, les proches du disparu rejettent catégoriquement la version du suicide. C’est une “aberration” lâche Me Hervé Diakiese. “Hallucinant”, réagit quant à lui l’avocat et vice président de la FIDH Alexis Deswaef. Les deux défenseurs judiciaires demandent aux experts étrangers qui étaient présents à l’autopsie de se prononcer
“Hormis les assassins ,ni le PGR ni qui que ce soit d’autres n’a vécu les derniers instants de Feu Chérubin OKENDE. La version sidérante du parquet ne repose sur aucun élément procédural. Seul le rapport d’autopsie relate les causes et les circonstances probables de la mort”, déclare Me Diakiese, manifestement très surpris et remonté par la communication du procureur général près la cour de cassation.
À l’en croire, “lorsque dans un État qui se targue être de droit ,nous en arrivons à l’éclatante démonstration que nous n’avons plus strictement rien à attendre de la justice, dans une circonstance aussi grave que la mort crapuleuse d’un homme ,la justice creuse sa propre tombe”. “Ci -gît le Droit”, regrette Me Hervé Diakiese.
Gloiredo Ngise