
Par Poncia Nyembo
Le magnétisme n’est souvent perçu que comme le fait que certains corps peuvent s’attirer ou se repousser. Ce jeu d’attraction/répulsion va bien au-delà des conséquences que l’on a eu l’habitude de côtoyer, et pour le voir, il faut descendre aux plus petites échelles de la matière. Du moins à celles que l’homme est arrivé à absorber à ce jour : le nanométrique, là où toute la nature devient quantique. Et là où très peu d’objets de notre point de vue d’humains signifie 10^23 objets infiniment petits. Ce nombre astronomique et que même les plus grands statisticiens de la physique ne savent imaginer est en réalité, la réalité la plus basique de la nature : la nature est faite de petits groupes, infiniment petits et infiniment innombrables
Rassurez-vous, ce que je semble présenter ici comme étant un paradoxe est en fait facile à comprendre et à imaginer. En effet, essayez d’imaginer un cheveu, sa taille est environ d’un dixième de millimètre ce qui est de notre point de vue déjà très petit. Puis essayez d’imaginer quelque chose qui est un million de fois plus petite, c’est l’atome. Et dans l’atome, imaginez quelque chose qui est cent mille fois plus petite, c’est l’électron. Désormais le cheveu, qui est cent milliards de fois plus grand que l’électron devrait vous paraitre infiniment grand. Pour vous donnez une autre idée, sachez que le rayon notre planète, en partant de son cœur, le noyau terrestre, n’est qu’environ soixante milliards de fois plus grand que le cheveu. Ce qui est dix fois moins que les proportions cheveu/électron. C’est fou n’est-ce pas ? C’est ça qui fait que la quantique est puissante, mais n’est pas magique. Il suffit de ne la voir que comme un point de vue. Un zoom. Une échelle de grandeur. On zoome sur la nature pour savoir de quoi elle est faite.
Vous vous demandez sûrement quel est le rapport entre tout ceci et le développement de l’Afrique, et c’est normal.
Pour le comprendre, revenons au magnétisme. L’effet que deux aimants s’attirent ou se repoussent se décident aux échelles des électrons. Aux échelles quantiques. Mais cette décision n’est pas si simple, ni si unanime.
Il faut imaginer le monde des électrons comme on imagine notre société : regroupement macroscopique d’humains qui vivent en communauté, qui parfois se mettent ensemble pour travailler aux intérêts communs, mais qui souvent ne sont pas d’accord. Mais à des échelles très petites.
Pour exprimer leur OUI ou leur NON, les électrons possèdent un bulletin de vote appelé SPIN. Vous pouvez l’imaginer comme le pouce de la main droite. Lorsque l’électron est d’accord, il lève le pouce vers le haut, c’est le Spin up, le vote pour le OUI. Et sinon, il lève le pouce vers le bas, c’est le SPIN down, le vote pour le NON. Et pour créer du magnétisme, il faut qu’il y ait plus de votes pour le OUI ou pour le NON. Mais, il faut savoir que les électrons sont des politiciens chevronnés, avant d’aller voter ils battent campagne, ils font des bras de fer, essaient de convaincre le maximum de leurs proches de voter pour le Spin de leur choix. Et souvent ils y parviennent brillamment. Ils y parviennent si bien qu’à chaque élection, les résultats sont toujours serrés.
Les électrons sont des politiciens chevronnés, avant d’aller voter ils battent campagne, ils font des bras de fer, essaient de convaincre le maximum de leurs proches de voter pour le Spin de leur choix.
Pour vous dire ; la plupart du temps c’est un ex-aequo, au vote près. Le reste du temps ça se joue à un vote de différence. Comment font-ils pour être si coordonnés ? Comme chez les humains, le monde des électrons est divisé en continents, puis en pays, puis en provinces, puis en villes, puis en communes, puis en quartiers etc… les électrons sont si nombreux, qu’ils ne peuvent pas se permettre de trop se balader. Ils sont donc, depuis la nuit des temps, confinés dans leur proche environnement, leur quartier. Et les frontières entre ces quartiers sont très imperméables. Mais comment font-ils donc pour trancher au vote ? Ou pour battre campagne ?
Les électrons, ayant tout tenté depuis le Big Bang pour quitter leur quartier, sans succès, se sont adaptés. Ils ont compris que les barrières entre les quartiers sont surement trop dures pour être percées, mais si tout le quartier s’associe pour communiquer une information au quartier d’à coté avec une seule voix, l’information elle parviendrait à passer. Donc les électrons ne battent campagne que dans leur quartier. Mais comment font-ils pour se mettre d’accord ? Les électrons à force d’être confinés chez eux sont devenus un peu paresseux. Ils tiennent à la paix et à l’économie d’énergie, ils veulent en faire le moins. Donc, ils ne supportent pas les longs bras de fer.
Comme dans toutes les sociétés, les électrons naissent dans des familles avec des penchants politiques.
Et grossièrement, chaque famille influence ses voisins. Et c’est la famille avec le plus grand nombre d’électrons qui l’emporte et convainc donc son voisin de son idéologie politique. Et donc on finit par avoir deux familles qui voteront, spin up par exemple. Etant désormais en surnombre comparativement à la plupart de leur voisins directs, la vague de spin up traverse tout le quartier et gagne tout le monde à sa cause. Nous avons donc un quartier qui votera UP. Et après, ce petit quartier, se mettra à communiquer avec grand intérêt son choix, au quartier voisin. Nuits et jours ils crieront tous en cœur : Le UP c’est le bon. Ce jusqu’à convaincre les habitants du quartier voisin les plus proches. Et pour la suite vous connaissez la chanson.
Les élections chez les électrons sont mondiales. Mais n’oubliez pas que les électrons sont paresseux. Ils ne traverseraient jamais une rivière, encore moins un océan pour aller convaincre les autres. Donc à chaque fois que des territoires sont entourés d’eaux, ils ne sont plus influençables. Finalement, on a deux vagues UP et DOWN qui s’affrontent. S’il y a 10 bandes de terre entourées d’eau, il y a 10 voix. Si hasardeusement il y a eu 5 terres pour le SPIN UP, et 5 autres pour le DOWN, le Monde des électrons sera neutre. Et la matière comme nous la connaissons sera non magnétique (donc non aimantée). Mais si, cette année-là, dans un quartier lambda, dans une famille X pro spin UP, il y avait eu un électron en trop, ça aurait tout changer. Ça aurait conduit à 6 bandes de terre pour le SPIN UP contre 4 pour le spin down. Et là le monde entier aura été magnétique. Les électrons auraient créé un aimant.
Vous vous dites sûrement que vous ne voyez pas où je veux en venir en ce qui est du parallèle avec l’Afrique. Mais, je crois que vous avez compris. L’humain depuis toujours ne fait que s’inspirer de la nature pour développer ses techniques afin de trouver le juste équilibre entre les peuples. Et c’est ça que je nous appelle à faire. Ce que je déclare ici, c’est que tous les efforts comptent.
Que les jeunesses des pays en voie de développement ne perdent pas espoir. Avec un peu de détermination et de persévérance, elles peuvent être ce fameux électron de trop qui fera pencher la balance du destin de tout un peuple et ainsi ouvrira l’ère de la croissance.
Pour cela, il ne faudra jamais sous-estimer le pouvoir de la petite échelle et de la proximité. Commencer où vous êtes et avec qui sont à coté de vous. Soyez le changement pour votre proche cercle et avec lui vous pourriez finir par être le changement de tout un peuple.
L’Afrique particulièrement a besoin que ses enfants se rendent compte de leur rôle individuel dans l’avènement de son développement.
Chaque individu, chaque investissement compte. Et la République Démocratique du Congo, étant au centre de ce beau continent a mérité du digne devoir d’être celle par qui le développement passera.
Soit elle peut décider d’être le cours d’eau qui le freine, soit elle peut être l’électron de plus qui le crée.