
Lettre ouverte d’une congolaise au Ministre de la défense nationale et des anciens combattants en RDC

Monsieur le Ministre,
La douleur psychologique de centaines des milliers des familles éprouvées de suite de guerre, le drame incessant des massacres des civils innocents, le supplice de trop du aux enlèvements récurrents, la misère noire d’insécurité urbaine même dans les provinces sous état de siège ; tout ceci est la conséquence des crises sanglantes au Nord et Sud-Kivu, en Ituri, au Tanganyika et partout ailleurs en RDC.
Ce cocktail de malheur a atteint son paroxysme.
La puissance publique forge la fierté nationale de plusieurs générations dit-on.
On a coutume d’entendre que le monopole de la violence est réservé à l’armée régulière.
En RDC, cette phrase reste théorique.
Près de 120 groupes armés martyrisent les populations, indistinctement les enfants, les femmes, les hommes, les jeunes, les adultes et transforment plusieurs en personnes sans domicile fixe, veufs, veuves, orphelins, blessés de guerre, réfugiés, handicapés et enfin traumatisent les esprits ; ceci affecte la productivité nationale, adieu l’émergence.
Le malade a tellement souffert sans prise en charge idoine à telle enseigne qu’en dépit de la qualification du médecin à recruter, de son équipement ultra moderne et du traitement hyper efficace qu’il prescrira, les chances sont faibles pour le ramener à la vie. Le seul remède est le bon diagnostic pour connaître l’origine du malaise du patient qui a longtemps souffert des essaies-erreur sans jamais donné le bon diagnostic.
Notre patient est la force publique, oh pardon que dis-je les forces armées de la RDC.
Aujourd’hui tout le monde le sait mais peu d’entre les congolais prennent le courage de vous le dire en face. Un sérieux problème de gouvernance fragilise nos forces armées et pourrait expliquer les faibles résultats des troupes loyalistes différents fronts.
Comment comprendre que des bataillons soient envoyés au front sans équipements adéquats, que des ordres sur le mode d’intervention traînent à parvenir les hommes de troupes (qui pourtant voient l’ennemi avancer et même occuper des pans entiers des villes et villages), que des uniformes et chaussures de combat manquent pendant plusieurs mois, que la ratio soit détournée allègrement sans interpellation, que les dépendants des militaires demeurent sans assistance et se voient obligés de les suivre à proximité des fronts, champs de bataille pour survivre quand certains acteurs politiques dans la capitale affichent des fortunes insolentes (à se demander si on est dans un même pays avec une inégalité aussi criante qu’incompréhensible).
Il y a lieu de féliciter nos militaires qui manifestent une bravoure légendaire, ils sont nos vrais héros et méritent le soutien moral et spirituel de tous.
Aujourd’hui dans le monde entier quand on parle de nation puissante, on fait d’abord allusion à la capacité et la préparation de son armée à défier toute attaque ou invasion des ennemis sur une période plus ou moins longue sans demander l’aide extérieure des pays amis.
Notre pays fait l’exception.
Combien d’hommes et de femmes armées, de combien nationalités, experts et officiers à la retraite sont présents sur notre sol pour aider nos FARDC mais où sont les résultats de leur expertise qui justifieraient encore leur présence ?
Aucun congolais, nationaliste ne peut refuser de servir la nation quand le pays fait appel à ses compétences. Mais si les conditions ne sont pas réunies pour l’obtention des résultats, il est sage de dénoncer les tares et prendre l’opinion comme témoin.
Cependant, il est rare de vous entendre dire que les moyens ne sont pas mis à votre disposition pour garantir l’inviolabilité des nos frontières et la sécurité des personnes et de leurs biens.
Ce qui sous-entend que rien ne manque pour mener à bien votre politique.
Mais pourquoi donc à longueur des journées, nous comptons des morts et des blessés (ces anciens combattants dont on oublie les efforts consacrés à la nation aussitôt qu’ils sont déclarés invalides), observons l’invasion des troupes étrangères sur notre sol en plein jour, assistons à l’éclosion et la floraison des groupes armés locaux dans plusieurs provinces, regrettons la désertion des officiers emmenant avec eux quelques hommes de troupes et des équipements des forces loyalistes ? Le questionnement est long.
Il est vrai que placer un soldat devant chaque maison des congolais est difficile (mais pas impossible) mais les congolais.es sont impatient.e.s de saluer l’exploit des soldats là où ils sont invités à défendre notre souveraineté.
Le peuple veut la sécurité.
La gouvernance suppose l’accès à l’information, la redevabilité, le partenariat, la gestion rationnelle des ressources, la lutte contre la corruption et le respect des règles.
Vivement, gouvernez autrement pour qu’enfin votre passage à ce poste laisse des traces indélébiles de renaissance des FARDC et que notre nation retrouve sa dignité.
Je demande également que justice soit rendue à toutes les victimes de guerre.
Ainsi nous assurerons la grandeur du Congo et mettrons en pratique notre devise nationale Justice – Paix – Travail