
Je cherche la vendeuse de Matadi-Kibala ( poème)
C’était une femme normale
Elle était là tous les jours, matinale
Elle me prêtait des tomates découpées
Oui, je ne pouvais acheter qu’à moitié.
Je n’ai pas de télévision, ni de radio
Sur mon téléphone on a coupé un Ratio
Je l’appelais maman,
Elle m’appelait client… !
Elle a, pourtant, gagné au loto
Une partie de son pagne est sur un poteau
La vendeuse de Matadi-Kibala était une héroïne
Elle n’avait jamais souffert de typhoïde
On dit qu’une partie de sa chaire est dans un minibus
Elle a été foudroyé après un cumulonimbus
Un serpent en fil de courant l’a tué
Elle a laissé des ardoises non payées.
Je ne sais encore si c’est vrai cette folie
Sa cousine a aussi été massacrée en Ituri
Deux deuils de l’Ouest à l’Est
Et des morts tenus en laisse,
La morale et la République ne les délaissent,
Cauchemardesque humiliation nationale !
Dilemme ou cercle vicieux gouvernemental
La maman de Matadi-Kibala était sacerdotale.
Je continu à chercher cette mère inachevée
Elle ne mettra plus au monde le curé de l’évêché
Les orphelins de Kinshasa sont en Ituri clairière
Le marché où l’on vendait est devenu cimetière
La vendeuse perdue serait la sœur de la République
Sur nos consciences elle n’a de réplique
Même son unique enfant n’a reconnu la mère
Elle avait un mari, pauvre, impayé qui n’était père !