
BENI : Avec de la bouse de vache et des feuilles décomposées comme engrais, ces jeunes produisent des légumes et des fruits en plein centre ville
Les conflits armés dans la région de Beni ont touché tous les secteurs, notamment l’agriculture et l’élevage, principales activités de la population locale.
Au lendemain des premières exactions, plusieurs populations agricoles ont été contraintes d’abandonner leurs champs, craignant l’activisme des rebelles ADF.
Cependant, malgré cette désorganisation du secteur agricole, certains habitants de Beni continuent de promouvoir l’agriculture et l’élevage grâce à de nouvelles techniques.
En effet, nombreux habitants de Beni pratiquent désormais l’agriculture sur de petits terrains proches, en utilisant des engrais organiques et chimiques pour une bonne croissance des plantes.
Frank Vithuku, diplômé en agronomie, est un jeune homme qui maîtrise les techniques de l’agriculture extensive.
Nous l’avons rencontré dans son champ dans le quartier Ngongolio, dans la commune de Bungulu, et il nous fait part de son expérience dans la culture du chou.
« L’agriculture extensive ou à petite échelle donne un rendement élevé et sain. Il est toujours nécessaire d’utiliser des engrais chimiques et organiques pour favoriser une bonne croissance des plantes », explique-t-il.
La bouse de vache et les feuilles décomposées utilisées comme engrais
« Une fois que mes plantules sont prêtes et que ma parcelle est aménagée, je dois maintenant passer à l’étape de la transplantation », explique Frank à propos de sa récente récolte de choux.
« C’est à ce moment-là que l’engrais entre en jeu, car il doit être mis dans le sol avant le repiquage. Comme j’avais prévu d’utiliser de la bouse de vache, j’ai dû balayer l’étable du principal abattoir de Beni afin de recueillir une bonne quantité d’urine et de bouse du bétail », explique le jeune homme, le visage souriant et apparemment satisfait de sa récolte.
Selon lui, il est recommandé d’espacer les sessions de repiquage d’au moins deux (2) semaines afin que les plantes n’arrivent pas à terme en même temps. « Dès que les plantes semblent être attaquées par des insectes, il est important de pulvériser les plantes avec des pesticides ».
Quel rendement, quels bénéfices ?
Grâce à l’utilisation d’engrais organiques et chimiques, la culture sur petites parcelles a un bon rendement. Le taux de rendement est estimé à 99 %, indique Frank.
» Pour 500 choux plantés, je gagne facilement entre 200 et 300 mille francs congolais, soit 100 et 150 dollars.
« Dès que les choux sont prêts, je les vends simplement aux passants, qui me proposent 500 ou 700 francs pour un chou d’environ un kilogramme », explique-t-il en souriant.
Comme Frank, plusieurs habitants de Beni, principalement des étudiants et des élèves ayant fait des études d’agronomie, se lancent dans la culture de fruits et légumes sur de petites parcelles et produisent des denrées alimentaires telles que des choux, des poivrons, des carottes, des tomates, des oignons et même du maïs pour la population locale.
Cependant, cette culture dite extensive présente également des inconvénients, notamment l’épuisement des sols par l’utilisation d’engrais.
Il est donc conseillé de laisser le sol en jachère afin qu’il puisse se reconstituer avant de poursuivre d’autres expériences.
Il faut rappeler que dans la région de Beni, malgré les guerres incessantes, l’agriculture est l’une des principales activités pratiquées par la population locale.
Pour Bienfait Ngise, agronome et directeur de la société de transformation de jus de fruits Matunda, l’agriculture et l’élevage sont la base de la sécurité alimentaire.
Ainsi, nourrir un peuple devrait être une priorité pour les Etats, puis chaque Etat devrait réglementer le secteur agricole de manière incitative pour permettre aux jeunes de saisir les opportunités qui s’offrent à eux.
Nicole Lufungi