
Le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, est attendu ce mercredi 14 mai 2025 à l’Assemblée nationale pour s’expliquer sur la mesure d’interdiction du transbordement des marchandises à l’importation. Une audition très attendue.
À la mi-journée de ce mercredi 14 mai, Julien Paluku Kahongya devra répondre à une question orale avec débat devant les députés nationaux. Au cœur des échanges, la mesure d’interdiction du transbordement des marchandises à l’importation, décriée par plusieurs opérateurs économiques et certains parlementaires.
Les élus attendent du ministre des explications claires sur les motivations de cette décision, ses impacts économiques, et les solutions prévues pour éviter une perturbation des chaînes logistiques du pays.
Des pertes fiscales estimées à 5 milliards USD par an
Ce débat intervient dans un contexte où, en août 2024, le ministre Paluku avait dénoncé des pratiques frauduleuses de transbordement et de dumping commercial, qui, selon lui, coûtent à la RDC jusqu’à 5 milliards de dollars de recettes fiscales par an.
Le ministre avait alors accusé plusieurs États voisins dont le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, la Zambie et surtout le Rwanda d’abriter des plateformes logistiques permettant d’acheminer illégalement des marchandises vers la RDC, souvent avec la complicité d’acteurs congolais.
Le Rwanda dans le viseur : conteneurs détournés et commerce transfrontalier détourné
Julien Paluku a particulièrement pointé du doigt le Rwanda, qu’il accuse d’avoir mis en place un entrepôt géant où des conteneurs censés être destinés à la consommation locale sont stockés, avant d’être progressivement réexpédiés vers la RDC.
« Le Rwanda, avec ses 10 à 11 millions d’habitants, ne peut absorber de telles quantités de marchandises. Ces produits sont en réalité destinés à la population congolaise, mais entrent en RDC sous le régime du commerce transfrontalier, parfois transportés à vélo ou par des personnes handicapées », avait-il déclaré.
Parallèlement Julien Paluku avait dénoncé le dumping, une pratique consistant à inonder le marché congolais de produits étrangers à bas prix, mettant en péril les entreprises locales et affaiblissant la compétitivité nationale.
Revenant sur sa décision d’interdiction de transbordements, Julien Paluku justifie ses mesures par la nécessité de protéger l’économie congolaise, de renforcer la fiscalité et de lutter contre les circuits commerciaux parallèles.
L’interpellation parlementaire portée par le député Katembo Kambere
C’est le député national Katembo Kambere Thaddée qui est à l’origine de cette interpellation. Dans sa correspondance, cet élu national interpelle Julien Paluku Kahongya sur sa décision d’interdire le transbordement des marchandises à l’importation, une décision qui selon le député est jugée incohérente par certains acteurs économiques.
Pour l’élu, son interpellation vise à clarifier les motivations réelles de cette mesure, à évaluer ses impacts économiques et à vérifier sa conformité avec les engagements pris par le gouvernement dans le cadre de l’intégration régionale.
Opérateurs économiques mécontents et tensions à Kasumbalesa
Depuis sa mise en œuvre, la mesure d’interdiction du transbordement a provoqué de vives tensions chez les opérateurs économiques, qui dénoncent un durcissement réglementaire, une hausse des coûts d’importation, et un ralentissement des flux logistiques. La situation a même conduit à une grève au poste frontalier de Kasumbalesa.
L’intervention de Julien Paluku devant les députés constitue de ce fait une occasion déterminante pour lever les zones d’ombre, rétablir la confiance avec les milieux d’affaires et réconcilier la politique commerciale nationale avec les attentes des opérateurs économiques. L’audition parlementaire du ministre du Commerce extérieur s’annonce comme un moment-clé pour comprendre les choix stratégiques du gouvernement en matière de commerce extérieur, à l’heure où la RDC cherche à accroître ses recettes fiscales, lutter contre les fraudes douanières et stimuler la production locale.
Kasoki, Kinshasa