
L'opinion publique congolaise est remontée en bloc contre Kigali en raison du soutien avéré que le pays de Paul Kagame octroie à la rébellion du 23 Mars, à en croire les preuves recueillies ces derniers mois, tour à tour, par l'armée congolaise et les experts mandatés par les Nations unies.
Après des décennies de souffrance et des millions de morts au tableau, situation macabre occultée par le silence complice de la communauté internationale, les Congolais souhaitent clairement que l'insécurité cyclique créée et entretenue par les pays voisins cesse une fois pour toutes. Dès l'annonce de la résurgence du M23 soutenu par le Rwanda, il était clair que les congolais aborderaient autrement cet énième affront des autorités Rwandaises. Le ras-le-bol était déjà perceptible dans l’opinion publique et le sentiment anti-Kagame prenait des proportions de plus en plus importantes, avec plus d’entrain et très loin de l'esprit observateur des années passées.
Aujourd'hui, de nouvelles interrogations s’articulent non plus autour des questions banales, mais notamment sur ce qu'il faut faire au niveau national, particulièrement des mesures qui doivent être prises pour mettre un terme une fois pour toutes à la guerre, en sus de contribuer à la pacification du pays et d'anéantir complètement les forces négatives, y compris celles proches ou soutenues par le gouvernement rwandais.
On le voit rarement, mais pour une fois, les Congolais semblent être sur la même longueur d'onde. La situation sécuritaire imposée au pays par les autorités rwandaises est l'une des questions importantes qui réunissent les Congolais de tous les horizons sociopolitiques autour d'une même table. L'élan national, à l’évidence, est là et l'attachement à la Nation Congolaise observé actuellement, suite à la résurgence du groupe M23, est sans précédent et ce, depuis des années. Et il n'est pas étonnant, dans un tel contexte, que de nombreux compatriotes cherchent à jouer leur rôle dans la protection de la RDC. C'est justement en raison de ce sentiment diffus que le choix le plus évident et le plus mis en avant à l'heure actuelle est le recrutement dans l'armée, la police et les services spécialisés.
Plusieurs milliers de jeunes ont levé l’option de rejoindre les rangs des forces armées loyalistes à travers la République. Les provinces de l'Est, notamment le Nord et le Sud-Kivu, ainsi que l’Ituri, cibles privilégiées des différentes rébellions, surtout celles soutenues par Kigali, sont des régions qui ont vu nombre de leurs enfants, garçons et filles, s'engager dans les forces armées de la République démocratique du Congo pour "défendre la patrie contre les envahisseurs" et "défendre l'intégrité de la Nation".
À ce rythme, les ennemis de la RDC doivent comprendre que les traîtres, sûrement, on en verra de moins en moins, car pour une fois on suppose que tout le monde, ou presque a compris les enjeux et le fait qu'on ne peut faire confiance à personne pour sortir le pays de l'abîme. Cela devrait interpeller les autorités rwandaises et leur faire comprendre que la situation sur le terrain a évolué. Et surtout, que les Congolais d'aujourd'hui sont très différents de ceux d'hier. Il est temps pour Kigali de comprendre en effet que le temps où les Congolais observaient sans rien dire et, surtout, se laissaient faire, est révolu et derrière. Cette page est tournée depuis un certain moment déjà. Le patriotisme congolais est monté d'un cran et le besoin de défendre le pays contre toute attaque extérieure, quelle qu'elle soit et surtout en provenance des pays voisins, se répand de plus en plus, et ce, dans toutes les strates de la population.
Évidemment, Kigali, à court d'idées face à cette nouvelle donne à laquelle il ne s’attendait manifestement pas, tente, comme à son habitude, de faire croire à l'expansion du sentiment anti-rwandais. Pourtant, le premier des Congolais, Félix Tshisekedi a été très clair sur ce point, le peuple rwandais n'est pas à haïr, ce sont les dirigeants rwandais qui sont à blâmer. Quoi qu'il en soit, cette fois-ci, les multiples sorties des autorités rwandaises, et encore moins leurs chantages, ne semblent pas avoir d'effet sur le terrain. La détermination congolaise semble loin de plier, quitte à hérisser Paul Kagame et ses sbires. Dans tout cela, c'est l'image du pays de Paul Kagame qui se dégrade de plus en plus et les condamnations commencent à pleuvoir. Le réveil du peuple congolais y aura été pour quelque chose et c’est aux décideurs à Kinshasa, de profiter de cet élan patriotique et d’en faire quelque chose de mémorable.