
Alors que le monde entier célèbre mardi 20 mai la Journée mondiale des abeilles, l’attention se tourne vers ces insectes si petits mais si essentiels à l’équilibre écologique et à la sécurité alimentaire mondiale. Au-delà de leur rôle de pollinisateurs, les abeilles sont les témoins silencieux d’un désordre environnemental hérité d’une histoire coloniale longtemps négligée.
Les abeilles, sentinelles d’un monde malade
Selon les experts en biodiversité, les abeilles assurent la pollinisation de plus de 75 % des cultures alimentaires mondiales. Leur disparition progressive, liée à l’usage excessif de pesticides, à la déforestation et au changement climatique, menace directement la sécurité alimentaire des populations, notamment en Afrique.
Mais derrière cette urgence écologique, se cache une vérité historique rarement évoquée : la colonisation a profondément bouleversé les équilibres environnementaux locaux. En introduisant des modèles agricoles intensifs, des plantes exotiques et une exploitation brutale des ressources naturelles, les colons ont ouvert la voie à la destruction des écosystèmes traditionnels incluant les habitats naturels des abeilles.
Héritage toxique : quand l’agriculture coloniale tue la biodiversité
Dans plusieurs régions du Congo, les forêts qui abritaient autrefois des ruches sauvages ont été abattues pour faire place aux cultures de rente comme le café, le coton ou le caoutchouc, imposées par l’administration coloniale Belge. Ce modèle, largement fondé sur l’exportation et le profit, a mis de côté les pratiques agricoles locales, plus respectueuses de l’environnement.
Aujourd’hui encore, le legs de cette logique extractiviste perdure : monocultures industrielles, importation de semences non-indigènes, usage incontrôlé de produits chimiques autant de pratiques qui continuent de détruire les pollinisateurs naturels.
Des solutions enracinées dans le local
Face à cette crise, des voix s’élèvent pour revendiquer une agriculture respectueuse de la biodiversité, inspirée des savoirs autochtones. Des apiculteurs Congolais, par exemple, militent pour la protection des abeilles locales et la valorisation du miel comme produit de souveraineté économique et alimentaire.
La Journée mondiale des abeilles ne devrait donc pas être qu’une simple commémoration, mais un appel à la décolonisation écologique de nos territoires. Il est temps de reconnaître que la lutte pour la survie des abeilles est aussi une lutte contre un système hérité, qui continue de compromettre notre avenir.
Diddy MASTAKI