
État de siège : Qu’en pensent les étudiants de Beni
Par Nicole Lufungi –Congorassure/Beni
Réjouissance, crainte, impatience, doute , incrédulité, surprise, … les réactions sont multiples et variées au sein de la population de Beni, au lendemain de la proclamation de l’état de siège par le Président de la République.
Pour certains, la mesure de l’instauration de l’état de siège est une bonne stratégie, mais certaines conditions devraient impérativement être remplies avant cette la prise de cette décision.
Pour Fabrice Mulwahali, président du conseil estudiantin de l’université officielle du Semuliki, la population toute entière a le devoir d’accompagner les décisions de l’Etat. Mais le gouvernement à son tour doit prendre ses responsabilités. « Le gouvernement a le devoir de veiller au bon déroulement des opérations qui auront lieu durant cette période. Il doit obligatoirement se rassurer que les autorités militaires qui seront affectées à différentes fonctions ne soient pas de ceux qui ont déjà été suspectées des crimes ou des violations des droits humains » explique le jeune étudiant, qui semble avoir des sentiments partagés sur la question.
Le représentant des étudiants, réticent, craint que les autorités militaires n’étant pas habituées à la gestion administrative civile se retrouvent dans la difficulté de diriger la population. Mais cela n’empêche pas au jeune homme de souligner « qu’il souhaite que la décision prise par le Chef de l’Etat soit la solution idéale pour mettre fin au cycle de l’insécurité dans la région . »
Contrairement à Fabrice, d’autres étudiants disent tout ignorer sur ce que c’est « un état de siège » et comment cela se passe. C’est notamment le cas de Rodrigue Mathina.
Cet étudiant reconnaît que l’état de siège est un concept nouveau pour lui. « Tout ça est nouveau pour moi. Mais si cette disposition va contribuer au rétablissement de la paix dans ma ville, alors je la soutiens » dit- il, sans aucun autre commentaire.
Benjamin Asimoni, étudiant en première année de droit à l’université du Cepromad, dit prendre acte de la décision du Chef de l’Etat. Mais le jeune homme avoue, pensif, que plusieurs questions taraudent son esprit : « Qu’est-ce qui a motivé le Président Félix-Antoine Tshisekedi à prendre cette grande décision? Est-ce la gravité de la situation dans la région? Où derrière tout cela se cache une visée politique? »
Néanmoins, explique Benjamin, si c’est une garantie que l’autorité de l’état sera réinstaurée, « Nous saluons cette initiative » conclut- t-il, toujours pensif.
Pour rappel, c’est depuis 2014 que la ville et le territoire de Beni sont plongés dans une guerre atypique, caractérisée par des tueries atroces, attribuées au groupe rebelle de L’ADF. Récemment, ces atrocités ont atteint la province voisine de L’Ituri, créant ainsi une déstabilisation dans toute la région Nord-Kivu/Ituri.
Après des opérations militaires successives n’ayant pas abouti, le Chef de l’Etat a hier, lundi 3 Mai, proclamé l’état de siège sur l’étendue de ces deux provinces pour résoudre définitivement ce problème.