
Des sources concordantes indiquent que deux journalistes pro-Kigali qui se sont rendus il y a quelques jours dans les zones occupées par le M23 pour faire du "reportage", se seraient fait passer pour des reporters du média qatari Aljazeera. Version rejetée par le média mis en cause.
Le média international Aljazeera a déclaré ne pas reconnaître le journaliste rwandais Albert Rudatsimburwa et son collègue Marc Hoogsteyns. Or, selon certaines informations obtenues des sources locales, ces deux journalistes se seraient présentés comme travaillant avec le média Qatari lorsqu'ils sont entrés illégalement en RDC.
Réagissant au tollé que cette situation a suscité en République démocratique du Congo, Giles Trendle, le directeur général du bureau anglais de la chaîne, a déclaré dans un brève communication du 13 décembre 2022 que ces deux personnes ne travaillent pas pour AlJazeera et n'ont aucun lien avec le réseau de ce média international.
"Nous n'avons pas l'intention d'engager leurs services. Al Jazeera dément catégoriquement la présence de l'un de nos journalistes ou pigistes dans le village de Kishishe lors de cette descente", a écrit Giles Trendle, indiquant qu'il espérait ainsi clarifier la situation. Il a assuré que Aljazeera, entant qu’un média international s'engage à toujours respecter les normes les plus strictes du journalisme professionnel.
Des deux journalistes cités dans cette affaire, seul Marc Hoogsteyns aurait réagi jusqu'à présent. Hoogsteyns reprocherait à Aljazeera d'avoir cité son nom de manière erronée dans sa communication et aurait déclaré qu'il n'avait jamais dit qu'il se trouvait à Kishishe pour le compte d'Aljazeera. Il aurait également promis une action en justice contre le média qatari.
La genèse de l’affaire
Dans un article du 10 décembre, citant une personne qui dit avoir participé à une série d'interviews menées par des journalistes pro-Kigali amenés à Kishishe (Nord-Kivu) par le M23 et le Rwanda, TazamaRDC affirme qu'une équipe de journalistes qui aurait dit être du média Al Jazeera a séjourné dans cette partie du Nord-Kivu contrôlée par des combattants du mouvement du 23 mars, un groupe que Kinshasa combat depuis plusieurs mois maintenant. « Une personne a posé la question de savoir qui sont-ils ? Nous sommes des journalistes de Al Jazeera ont répondu les journalistes » a notamment écrit le média, citant la personne ressource.
Une révélation qui a une nouvelle fois mis en colère les autorités congolaises, qui quelques heures plus tôt avaient publié une communication, par le biais du ministre de la Communication Patrick Muyaya, sur la présence des journalistes étrangers sur le territoire congolais, parlant « d'un renfort de propagandistes pour créer l'affaire dans l'affaire pour tenter de faire oublier la barbarie de Kishishe ».
« La RDC dénonce avec la plus grande énergie la présence irrégulière et l'exercice professionnel illégal sur le sol congolais de certains journalistes des médias de propagande et de communicateurs à la solde du gouvernement de Kigali. De Bunagana à Kishishe, en passant par Bambo (chefferie Bwito), Murimbi dans le groupement Tongo et Rutshuru Centre, ils y ont été escortés par les services du M23/RDF », a déclaré Patrick Muyaya.
Kinshasa a clairement fait savoir qu’elle voyait la main de Paul Kagame dans l'orchestration de cette énième campagne mensongère, utilisant de faux témoignages de populations prises en otage, conditionnées pour un spectacle et menacées de mort. "Cette collaboration médiatique Rwando-M23 est une preuve supplémentaire du soutien avéré et incontestable du pouvoir du président Paul Kagame aux terroristes qui sèment l'insécurité dans notre pays, tuent nos compatriotes et violent nos femmes et nos filles", a poursuivi le porte-parole du gouvernement de la RD Congo.
La Rédaction