
Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, a officiellement saisi le bureau de l’Assemblée nationale afin d’obtenir l’autorisation d’instruire une affaire judiciaire contre l’ancien ministre des Finances et actuel député national, Nicolas Kazadi.
Sa requête a été lue en séance plénière ce jeudi 29 mai par Jacques Djoli, rapporteur de la chambre basse du Parlement. L’ancien ministre est accusé de propagation de faux bruits et de divulgation de secrets d’État. Des infractions graves qui, si elles sont confirmées, pourraient ouvrir la voie à la levée de son immunité parlementaire.
Des propos jugés sensibles
Tout part d’une intervention médiatique de Nicolas Kazadi lors d’une émission diffusée sur YouTube, animée par la journaliste Paulette Kimuntu. L’élu de Miabi (Kasaï Oriental) y a critiqué la gouvernance budgétaire de l’État, affirmant que plusieurs établissements publics avaient été créés sans aucune prévision budgétaire durant le premier mandat du président Félix Tshisekedi.
L’ex-ministre a également dénoncé des pratiques qu’il qualifie de « jouissance budgétaire sans planification », insinuant que certains fonds publics sont partagés avant même leur affectation à des projets concrets.
« L’argent du projet est arrivé, on se le partage d’abord et on va réfléchir plus tard », a-t-il lancé.
Un bilan économique revendiqué
Malgré ces critiques, Nicolas Kazadi a mis en avant ses résultats à la tête du ministère des Finances entre avril 2021 et juin 2024. Il affirme avoir quintuplé le budget national, passant de 4 à 16 milliards de dollars américains.
Il a aussi pointé du doigt l’augmentation exponentielle des dépenses du Parlement, passant de 5 milliards de francs congolais par mois en 2017-2018 à 45 milliards en 2023. Selon lui, la situation est connue au sommet de l’État mais reste difficile à endiguer.
« On en parle même au conseil des ministres, mais ce n’est pas facile. »
Une commission spéciale pour étudier le dossier
Face à la gravité des accusations, le président de l’Assemblée nationale a annoncé la création d’une commission spéciale chargée d’examiner la demande du procureur. Elle devra déterminer si les propos de Nicolas Kazadi relèvent effectivement d’une infraction pénale ou s’ils s’inscrivent dans le cadre de la liberté d’expression d’un parlementaire.
La Rédaction