
Le Cadre de Concertation sur les Ressources Naturelles (CdC/RN) tire la sonnette d’alarme après la panne électrique qui a paralysé l’aéroport international de N'djili. Cette organisation de la société civile dénonce une crise énergétique structurelle, fruit d’un manque de planification, de coordination et de vision stratégique, et appelle à une refonte urgente du secteur pour garantir un accès équitable à l’électricité en République Démocratique du Congo.
La coupure d’électricité survenue à l’aéroport international de N'djili, qui a perturbé plusieurs vols et mis en danger des infrastructures critiques, illustre selon le CdC/RN l’effondrement d’un système énergétique vieillissant et mal géré. Cette organisation estime que cet incident n’est pas un simple problème technique, mais le symptôme d’une crise systémique chronique qui freine le développement national et compromet la sécurité des citoyens.
Dans son communiqué publié à Bunia, ce mardi 07 octobre 2025, le CdC/RN parle d’une « faillite systémique » nourrie par l’absence de planification intersectorielle, l’exclusion des acteurs locaux et la vétusté des infrastructures. Il dénonce aussi la réaction jugée « simpliste » du nouveau Directeur Général de la Société Nationale d’Électricité (SNEL), qui a évoqué la dotation d’un transformateur comme solution au problème de N'djili, sans proposer une stratégie durable fondée sur un système énergétique hybride et autonome.
Pour le CdC/RN, la RDC vit un paradoxe inquiétant, elle dispose d’un potentiel hydroélectrique, solaire et éolien parmi les plus importants d’Afrique, mais la majorité de ses villes, y compris la capitale, demeurent plongées dans le noir. Cette situation, selon cette organisation, symbolise le décalage entre les richesses naturelles du pays et le niveau de vie de ses habitants.
Le communiqué souligne que les politiques énergétiques sont élaborées en vase clos, sans coordination avec les secteurs du transport, de la santé, de l’industrie, de l’agriculture ou de l’éducation. Cette absence de vision globale, combinée à la politisation de la planification et à la marginalisation du secteur privé et de la société civile, produit des projets mal adaptés et inefficaces.
Les répercussions de cette crise énergétique sont multiples. Le CdC/RN évoque des risques sécuritaires majeurs, notamment la paralysie des aéroports, l’insécurité urbaine et la perturbation des soins d’urgence dans les hôpitaux. À cela s’ajoutent des pertes économiques considérables, avec l’arrêt des chaînes de production, la fuite des investisseurs et la dégradation des équipements industriels.
Sur le plan social, la pénurie d’électricité aggrave la pauvreté, isole les zones rurales et accentue la fracture numérique, tandis que sur le plan diplomatique, elle nuit à l’image du pays. « Un État incapable d’éclairer sa capitale et son principal aéroport perd inévitablement en crédibilité sur la scène internationale », souligne le communiqué.
Face à cette situation, le CdC/RN plaide pour la convocation urgente des États généraux de l’énergie, afin d’élaborer une stratégie nationale cohérente, inclusive et assortie d’objectifs mesurables. Le CdC/RN recommande également d’intégrer les besoins énergétiques dans toutes les politiques publiques, de réhabiliter les infrastructures existantes, de renforcer la transparence et la redevabilité dans la gestion du secteur électrique, et d’accélérer la transition vers un mix énergétique décentralisé et durable, misant sur les énergies renouvelables.
Pour le CdC/RN, la panne électrique de N'djili doit être perçue comme une alerte nationale, un signal fort d’un système qui s’effondre et qu’il faut repenser de fond en comble.
« Il est temps de transformer la malédiction des délestages en une opportunité de bâtir un système énergétique résilient et équitable », déclare Dieudonné Kasonia, Secrétaire permanent du CdC/RN.
Cette organisation conclut en rappelant que la lumière ne doit plus être un privilège en RDC, mais un droit fondamental pour tous les citoyens, tel que garanti par l’article 48 de la Constitution.
Joël Heri Budjo