
À Goma, dans le Nord-Kivu, la vie tourne au ralenti. Depuis près d’une semaine, l’eau ne coule plus… ni aux robinets, ni dans les esprits. Une ville de plus d’un million d’habitants, contrainte de vivre au rythme d’une soif imposée, entre improvisation, colère… et angoisse sanitaire.
« On passe la nuit ici… avec les enfants. Pour deux ou trois bidons. Même pas assez pour laver, cuisiner, ou se laver nous-mêmes. C’est la honte, ça ! On vit à Goma, pas dans un désert », souligne Grâce habitante de Turunga.
De Katindo à Majengo, de Kyeshero à Mabanga, la pénurie est généralisée. Le prix du bidon de 20 litres a quadruplé, atteignant parfois 500 Francs Congolais. Quand elle n’y est pas, c’est l’inquiétude.
Faute de mieux, certains se tournent vers des sources à haut risque : eaux de pluie, camions citernes, voire le lac Kivu. Une solution de survie… mais un danger sanitaire en embuscade.
« Nous avons déjà enregistré une recrudescence des cas de diarrhée et d'infections. Sans eau propre, les risques d’épidémie, comme le choléra ou la typhoïde, sont bien réels », explique Janvier Bahati, pédiatre dans une clinique de la place.
La REGIDESO, responsable du réseau de distribution, évoque des pannes techniques en cours de réparation. Mais sans calendrier clair, la population doute. Et les appels à l’aide se multiplient. Associations locales et organisations humanitaires exigent des citernes mobiles.
Une communication transparente des autorités
« On n’a pas besoin de promesses. On veut de l’eau. De l’eau potable. C’est un droit, pas un luxe », se plaint un autre habitant dans un ton ferme.
Mais cette crise ponctuelle masque un problème plus profond : un réseau vétuste, saturé, incapable de répondre à la croissance démographique rapide de Goma. Pour l'instant, plus de 60 % des ménages n’ont pas d’accès régulier à l’eau potable.
Diddy MASTAKI