
La ville de Beni a vibré le samedi dernier au rythme de la commémoration de la deuxième année du GENOCOST, une journée symbolique dédiée à la mémoire des millions de victimes de l’agression Rwandaise en République Démocratique du Congo. Cette cérémonie sobre mais chargée de significations a été marquée par deux événements majeurs : la publication d’un rapport accablant sur les crimes récents attribués au M23/AFC, et l’implantation officielle du mémorial des victimes du GENOCOST dans la région du Grand Nord.
Un rapport qui documente l’horreur
Dans une déclaration poignante, Aimable Gafurura, secrétaire exécutif du Collectif des Victimes de l’Agression Rwandaise (CVAR) en RDC, a affirmé : « En fait, aujourd'hui, non, ce n'est pas seulement la Journée du GENOCOST que nous avons célébrée, mais aussi nous avons publié solennellement notre rapport de monitoring sur les crimes graves que nous attribuons à l’AFC/M23, commis dans les zones occupées ».
Le rapport en question documente avec rigueur les exactions perpétrées par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, selon plusieurs sources. Il met en lumière des massacres de civils, des viols, des enlèvements, et des déplacements forcés subis par les populations du Nord-Kivu. À travers cette publication, le CVAR entend interpeller la communauté internationale et pousser vers la reconnaissance juridique et mémorielle du génocide congolais.
« Nous demandons à la population et à la communauté internationale de s’approprier ce rapport, pour qu’il y ait justice transitionnelle, mais aussi réparation pour les victimes de ces atrocités », a plaidé Aimable Gafurura.
Le CVAR a souligné que cette initiative vise à rendre visibles les souffrances souvent oubliées des communautés Congolaises, en particulier dans les zones longtemps affectées par la guerre et l’occupation armée.
Un appel à la justice populaire
Présent lors de cette commémoration, Pépin Kavota, Président de la société civile en ville de Beni, a lancé un message clair : « Que les audiences publiques soient organisées contre les auteurs des crimes des massacres ».
Pour la société civile, la justice transitionnelle doit passer par des procès publics, transparents et inclusifs, afin de restaurer la confiance entre les institutions et les populations meurtries.
Un devoir de mémoire et d’action
La Journée du GENOCOST s’impose de plus en plus comme un rendez-vous de la mémoire, de la vérité et de la justice. À Beni comme ailleurs, les Congolais réclament la reconnaissance officielle des crimes commis contre eux, et appellent à mettre fin à l’impunité qui gangrène la région depuis plus de deux décennies.
Alors que le monde célèbre d’autres génocides, le Congo rappelle que l’oubli est aussi une forme de violence. Le GENOCOST, désormais inscrit dans les consciences, réclame des réponses à la hauteur de la souffrance.
Diddy MASTAKI