
La situation sécuritaire dans la ville de Goma et ses périphéries devient de plus en plus préoccupante. Un rapport publié le vendredi 06 juin par des structures juvéniles de participation citoyenne de la ville de Goma, engagées dans la promotion des droits humains, du développement et de la démocratie, met en lumière une recrudescence inquiétante d’incidents violents et de violations graves des droits de l’homme entre le 11 mai et le 6 juin 2025.
Durant cette période, vingt-six (26) personnes ont été tuées par balles et dix-sept (17) corps sans vie ont été retrouvés dans différents quartiers de la ville. Dix (10) cas d’enlèvements ont été enregistrés, semant la terreur au sein des familles et accentuant la peur dans les communautés. Deux (02) cas de justice populaire ont été documentés, traduisant un profond désespoir de la population face à l’absence de justice institutionnelle.
Sur le plan matériel, quarante-cinq (45) maisons, boutiques et kiosques ont été cambriolés ou violemment braqués, occasionnant d’importantes pertes économiques pour les petits commerçants et les ménages déjà fragilisés. Quatorze (14) personnes ont été blessées à l’arme à feu ou à l’arme blanche, tandis que deux (02) cas de viol et deux (02) accidents mortels de circulation ont également été recensés. Trois (03) engins explosifs ont été découverts dans les environs, ajoutant à la psychose générale.
Un climat de terreur sous occupation du M23
Depuis plusieurs mois, Goma est sous l’occupation du M23 et de ses alliés, dans un contexte de quasi-impunité. Ce climat d’insécurité est aggravé par une série d’exactions : des cas d’arrestations arbitraires et de bouclages ont été menés dans plusieurs quartiers de la ville. De nombreux jeunes, appréhendés lors de ces opérations, ont été torturés et contraints de rejoindre les rangs de l’ARC, la branche armée du M23.
Dans un fait particulièrement alarmant, sept (07) militaires des FARDC hospitalisés à Kyeshero ont été enlevés par les éléments du M23 et emmenés vers une destination inconnue. Par ailleurs, des familles entières, soupçonnées à tort d’affiliation aux FDLR, ont été expulsées de force vers le Rwanda, en totale violation du droit international humanitaire et des conventions relatives au statut des réfugiés.
Cibles privilégiées : journalistes, militants et acteurs de la société civile
Le rapport révèle que des journalistes, des militants de la société civile et des défenseurs des droits humains sont de plus en plus victimes d’intimidations, de menaces de mort et d’arrestations arbitraires. Certains sont détenus sans motif valable, privés de toute assistance juridique ou familiale, et soumis à des traitements inhumains et dégradants dans des lieux de détention tenus secrets.
Un appel pressant aux autorités nationales et internationales
Face à cette situation dramatique, les organisations juvéniles ayant documenté ces faits appellent le gouvernement Congolais à prendre ses responsabilités en trouvant des solutions concrètes pour soulager la population de Goma, victime d’un double fardeau : l’insécurité et l’absence de protection de l’État.
Elles exhortent également les partenaires internationaux à s’impliquer de manière active dans la restauration de l’État de droit, notamment par le retour des autorités légitimes dans la ville. Elles appellent en outre la communauté internationale à soutenir tous les efforts visant à mettre fin à l’occupation illégale de Goma par les forces du M23, qui non seulement échouent à sécuriser les zones sous leur contrôle, mais participent aussi activement à la terreur imposée à la population.
« La population de Goma est prise en otage. Ses droits les plus fondamentaux sont quotidiennement piétinés. Nous lançons un cri d’alarme pour que la communauté nationale et internationale agisse avant que le pire ne se produise », conclut le Magazine des CCJ de Goma et Karisimbi, initiateur de ce rapport publié le 06 juin 2025.
Rédaction