Le gouvernement congolais a lancé une alerte grave sur une réalité qui entache profondément l'image des institutions chargées de protéger les citoyens : les violences sexuelles impliquant des membres des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et de la Police Nationale Congolaise (PNC) se poursuivent à un rythme alarmant, notamment dans les régions les plus instables du pays.
Lors du 50e Conseil des ministres, tenu le vendredi 4 juillet 2025, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, a dressé un tableau sombre de la situation. Selon le compte rendu officiel, plus de 123 000 cas de violences sexuelles ont été enregistrés en 2023. Des chiffres glaçants qui révèlent l’ampleur d’un fléau national, particulièrement concentré dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, de l’Ituri, du Maniema et du Tanganyika.
Fait encore plus préoccupant : ces violences ne sont pas uniquement le fait de groupes armés non étatiques. Elles impliquent également des agents des services de sécurité de l’État – ceux-là mêmes qui sont censés protéger les civils.
« Ces faits d’une gravité extrême engagent désormais la responsabilité directe du commandant, tant dans l’armée que dans la police. Personne ne saurait se dérober des actes commis sous son autorité », a martelé Patrick Muyaya, annonçant ainsi un tournant dans la politique disciplinaire des forces de sécurité.
Entre 2020 et 2025, la RDC a connu une recrudescence des violences sexuelles, souvent liées à des contextes de conflits armés, d’abus d’autorité ou d’absence de contrôle hiérarchique. Le gouvernement affirme désormais sa volonté de briser le cycle de l’impunité. La responsabilité hiérarchique ne sera plus théorique : chaque cas documenté engendrera des poursuites jusqu’au sommet de la chaîne de commandement.
Cette annonce pourrait représenter un tournant majeur si elle se traduit par des actions concrètes. Car pour l’heure, la méfiance reste forte au sein d’une population habituée à des promesses restées sans suite. Les victimes, trop souvent réduites au silence, attendent que justice leur soit enfin rendue.
Dans un pays où la violence sexuelle est parfois utilisée comme arme de guerre, cette prise de position du gouvernement pourrait marquer le début d’un changement structurel — à condition qu’elle soit suivie de sanctions effectives, de réformes institutionnelles, et d’un appui réel aux survivantes.
Gloiredo Ngise