La récente série de massacres perpétrés entre le 08 et le 10 juillet 2025 dans la chefferie des Walese-Vonkutu, territoire d’Irumu, en Ituri, continue de provoquer une onde de choc dans l’opinion congolaise. Selon un bilan encore provisoire, au moins soixante-dix (70) civils ont été tués dans plusieurs villages frontaliers de la province du Nord-Kivu, dans des attaques attribuées aux rebelles ADF (Forces Démocratiques Alliées).
Face à l’ampleur de ces tueries, Alain Siwako, député provincial du Nord-Kivu, a tenu un discours particulièrement accusateur. Il pointe du doigt une partie de l’appareil sécuritaire Congolais, qu’il accuse de saboter délibérément les opérations militaires conjointes baptisées « SUJAA », menées entre les FARDC (Forces armées de la RDC) et l’armée Ougandaise (UPDF).
« Certains membres de l’appareil sécuritaire sabotent les opérations. Ils sont frustrés par les résultats atteints. Depuis dix (10) ans, ils n’ont pas réussi à éradiquer l’ADF, que ce soit au Nord-Kivu ou en Ituri. Ces personnes sont bien présentes à Beni et à Bunia. Nous disposons d’éléments que nous avons déjà partagés avec les autorités civiles et militaires », a-t-il affirmé.
Une coopération militaire fragilisée
L’opération SUJAA, lancée en novembre 2021 entre l’armée Congolaise et les forces Ougandaises pour traquer les ADF dans les régions de Beni et d’Irumu, avait pourtant suscité de grands espoirs. Si des résultats ponctuels ont été enregistrés, les attaques meurtrières comme celles de Walese Vonkutu révèlent les limites persistantes de cette coopération sécuritaire.
Les propos du député Alain Siwako viennent ainsi jeter une lumière crue sur les dysfonctionnements internes au sein des services de sécurité, accusés de favoriser la persistance de l’insécurité à des fins inavouées.
Lourd tribut des populations civiles
Les victimes de ces récentes tueries sont pour la plupart des civils non armés, surpris dans leurs villages de Makumo, Apakolu, Bandiboli, et Ndalya. Des témoignages évoquent des assaillants lourdement armés, opérant de nuit, incendiant maisons et greniers, et égorgeant des familles entières dans une cruauté devenue tristement familière dans cette région.
Les organisations de la société civile locale réclament des enquêtes approfondies et des mesures immédiates de protection pour les populations abandonnées à elles-mêmes. De nombreux déplacés affluent déjà vers les centres urbains comme Komanda et Bunia, aggravant la crise humanitaire.
Silence de l’État, colère sur le terrain
Jusqu’à présent, aucune réaction officielle du gouvernement central n’a été enregistrée sur les propos du député Alain Siwako. Toutefois, ces accusations ravivent les critiques envers la gestion de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC, où les massacres à répétition se heurtent souvent à l’inaction ou la complicité présumée de certains éléments de l’État.
Pendant ce temps, les habitants du Nord-Kivu et de l’Ituri continuent de vivre sous la menace permanente de groupes armés, entre espoir trahi et désillusion sécuritaire.
Diddy MASTAKI