À Djugu, la paroisse de Lopa a été profanée par la milice CODECO. Une ASBL de l’Église catholique dénonce la complicité de l’armée congolaise face à cet acte qu’elle qualifie de crime de guerre.
Le 21 juillet 2025, la paroisse catholique Saint-Jean Capistran de Lopa, dans le territoire de Djugu (Ituri), a été profanée par des éléments armés de la milice CODECO.
Les sources locales affirment que cette attaque brutale s’est déroulée sous les yeux passifs des FARDC, provoquant une vague d’indignation au sein de l’Église catholique et des organisations de la société civile.
D’après l’ASBL Justice et Paix du diocèse de Bunia, les miliciens ont mené une offensive simultanée sur les localités de Lopa, Nizi et Jina. À Lopa, les assaillants sont arrivés de trois directions, dont l’une serait directement issue d’une position des forces régulières. À Nizi, des coups de feu ont éclaté autour d’un autre poste militaire, tandis qu’à Jina, ce sont les tirs de l’armée elle-même qui ont semé la panique sur la RN27.
Pour cette ASBL, les dégâts dans l’église de Lopa révèlent un acte délibéré de profanation. Le tabernacle a été défoncé, le corps du Christ (Eucharistie) a été jeté au sol, le sanctuaire marial a été vandalisé, les vêtements et objets liturgiques ont été saccagés et piétinés.
Plusieurs sources locales confirment par ailleurs que le presbytère a également été pillé. Les prêtres ont fui, traumatisés, avec les habitants.
Pour rappel, deux jours avant l’attaque, le porte-parole de l’armée congolaise annonçait publiquement une alliance avec CODECO, dans le cadre d’une offensive conjointe contre une faction rivale (CRP). Une alliance dénoncée par l’abbé Chrysanthe Ngabu Lidja, directeur de Justice et Paix.
« Cette alliance contre nature a permis à CODECO de frapper au cœur même de la foi des Congolais, sous protection militaire » a-t-il lâché, stupéfait.
Un crime de guerre selon le droit international
L’ONG Justice et Paix qualifie cette profanation de crime de guerre, au regard de l’article 16 du Protocole II de 1977 et de la Convention de La Haye de 1954, le Statut de Rome de la CPI (art. 8.2.b.ix), qui interdit toute attaque contre des lieux de culte non militarisés.
En tant que signataire de l’accord avec le Saint-Siège, la RDC a l’obligation de protéger les biens religieux.
L’organisation Justice et Paix lance un appel notamment à la justice, pour qu’une enquête indépendante soit ouverte contre les miliciens et leurs complices en uniforme, ainsi qu’à l’État congolais, pour qu’il rompe tout accord tacite ou officiel avec des milices criminelles.
Justice et Paix appelle également les médias publics, notamment la RTNC et la Radio Télévision FARDC Ituri, à cesser toute légitimation des groupes armés. Cette structure conclut conclut son communiqué sous l’intercession de Sainte Marie-Madeleine, patronne des âmes repentantes, en appelant à « une paix durable, à la vérité et à l’abandon des alliances meurtrières. »
Joël Heri Budjo, Bunia