Le territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri, est de nouveau en proie à une flambée de violences qui a coûté la vie à plusieurs civils et causé de nombreux déplacements. En moins de deux semaines, des attaques armées, des affrontements entre groupes rivaux, des pillages, des cas de viols et des bombardements aériens ont plongé la région dans un climat d’extrême insécurité.
Selon un communiqué publié jeudi 24 juillet par la Coordination provinciale de la Société Civile Forces Vives de l’Ituri, la situation sécuritaire s’est considérablement détériorée dans plusieurs localités du territoire de Djugu.
Le 13 juillet, des affrontements entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles de la CRP ont éclaté aux abords de l’Église 80e AIC à Djugu. Ces combats ont semé la panique parmi les fidèles. Des témoignages évoquent des actes de pillage attribués à des militaires, contraignant des familles déplacées à fuir à nouveau.
Trois jours plus tard, le 16 juillet, un affrontement à Kpandole a entraîné la mort de treize civils, dont neuf à Lopa, touchés par des balles perdues. Dix (10) autres personnes ont été blessées. Entre les 18 et 20 juillet, des cas d’exécutions sommaires, d’extorsions et de pillages ont été signalés dans la localité de Landa.
Le 21 juillet, des miliciens CODECO ont mené des attaques coordonnées contre les localités de Lopa, Gina et Nizi. À Lopa, des boutiques ont été pillées, l’église catholique vandalisée, trois civils tués et deux femmes violées. À Nizi, dix-sept civils ont été massacrés, plusieurs autres grièvement blessés. D’après la Société Civile, ces attaques se sont déroulées en présence d’éléments des FARDC et de la MONUSCO, sans réaction effective. Des allégations font également état de la participation de certains militaires aux pillages.
Le même jour, un hélicoptère de l’armée Congolaise a procédé à des bombardements sur le village de Tche, blessant une (01) femme et un enfant de onze (11) ans. Le lendemain, deux (02) autres frappes aériennes ont été enregistrées à Gotsodjo, dans le secteur de Walendu Tatsi. L’épouse d’un chef de village et un enfant de neuf (09) ans ont été blessés.
Dans son communiqué, la Société Civile déplore une rupture croissante de la confiance entre les populations civiles et les forces armées. Elle évoque une inaction des autorités militaires et onusiennes face aux violences, ainsi que des comportements déviants de certains éléments des FARDC.
Plusieurs interrogations sont soulevées : les groupes armés ayant pourtant signé des engagements à Aru II, pourquoi continuent-ils à opérer librement ? Quelles sont les mesures prévues pour protéger les populations civiles dans les zones de tension ? Et quel rôle jouent réellement les forces déployées dans la région ?
La Société Civile recommande au Président de la République de prendre des mesures urgentes pour rétablir l’autorité de l’État en Ituri. Elle demande au gouverneur militaire de restaurer la confiance entre civils et militaires et de garantir la sécurité des épreuves scolaires. Elle exhorte également l’Auditorat militaire à diligenter des enquêtes sur les exactions signalées à Lopa, Nizi et Iga Barrière.
Elle appelle les groupes armés à respecter les engagements du dialogue d’Aru II et invite les communautés locales à demeurer unies, pacifiques et à rejeter toute manipulation ethnique ou instrumentalisée.
Joël Heri Budjo