Un vent de soulagement a soufflé, ce samedi, sur une partie de la ville de Goma. Le gouverneur de l'administration rebelle du M23, Erasto Bahati, a ordonné ce samedi 02 août la libération de plus de 250 détenus jusque-là incarcérés dans un cachot improvisé au sein même de l’ancienne assemblée provinciale du Nord-Kivu, transformée depuis l’occupation en centre de détention informel.
Cette libération intervient à la suite d’une visite de routine du gouverneur dans ces locaux devenus tristement célèbres. Mais derrière les sourires timides des ex-détenus, se cachent des récits glaçants, insoutenables, qui révèlent l'envers de ce système carcéral informel mis en place dans les zones sous contrôle du M23.
« Ce n’était pas une prison, c’était un enfer », souffle Jacques, l’un des détenus récemment libérés. « On dormait à même le sol, dans des conteneurs métalliques surchauffés. Il n’y avait ni eau, ni soins. Certains ont attrapé la gale, d’autres sont morts de faim… »
Ces prisonniers, pour la plupart arrêtés lors de raids nocturnes et couvre-feux dans divers quartiers de Goma, affirment avoir été détenus sans jugement, sans accusation claire, souvent pour avoir simplement franchi une rue interdite après l’heure du couvre-feu ou pour être ressortissants de certains territoires soupçonnés d’hostilité à l’égard des forces rebelles.
Mais le plus terrifiant reste sans doute le sort réservé aux détenus décédés dans ces conditions inhumaines.
« Si quelqu’un meurt, on le met dans un sac avec des pierres, et on le jette dans le lac. C’est devenu une routine », confie, la gorge nouée, un jeune homme de 27 ans, libéré mais traumatisé, qui a requis l’anonymat par peur de représailles. « Là-bas, la mort ne se pleure pas, elle se dissimule ».
Un autre témoignage évoque l’omerta et la peur constante : « Dès qu’un détenu annonce qu’il ne se sent pas bien, tout le monde se tait. Parce qu’on sait qu’annoncer une faiblesse, c’est signer son arrêt de mort ».
Malgré cette vague de libérations, des dizaines voire des centaines de personnes resteraient encore enfermées dans des conditions inhumaines, selon plusieurs sources locales et humanitaires qui redoutent un drame plus large et silencieux.
Les familles des détenus espèrent désormais que cette première vague ne soit pas la dernière. Mais elles réclament aussi des explications et une justice : pourquoi leurs proches ont-ils été arrêtés ? Pourquoi autant de souffrance dans l’ombre, loin des regards, dans une ville déjà meurtrie par la guerre et l’occupation ?
Rédaction