
Dans l’Est de la République démocratique du Congo, les populations locales, excédées par les violences des rebelles ougandais de l’ADF (Forces démocratiques alliées), prennent une initiative inédite. À Mukondo, une localité située entre le Nord-Kivu et l’Ituri, des paysans ont décidé de lever des fonds par une cotisation volontaire afin de se procurer armes et munitions pour assurer leur propre défense.
Cette démarche est née dans un contexte de désespoir, après les récentes attaques meurtrières contre des civils dans les villages de Kingi et Katanda, en Ituri. Ces massacres, attribués aux ADF, ont ravivé la colère d’une population qui se dit abandonnée à son sort malgré la présence des forces de sécurité.
Une grande réunion de mobilisation populaire s’est tenue à Katanga, en Ituri, réunissant une large partie de la communauté. Selon les témoignages recueillis sur place, les habitants ont décidé de mutualiser leurs moyens financiers et matériels afin de « s’équiper pour suppléer à l’autorité sécuritaire ».
« Nous voulons acheter des armes et des munitions car les forces armées de la RDC ont montré leurs limites dans la traque des ADF », a déclaré l’un des organisateurs de cette mobilisation.
Si cette initiative traduit la volonté de la population de résister aux violences, elle soulève également des préoccupations. Des analystes redoutent que la prolifération incontrôlée des armes légères dans la région, déjà minée par la présence de nombreux groupes armés, ne vienne aggraver l’instabilité.
Alors que les opérations militaires contre les ADF se poursuivent avec l’appui des forces régionales, cette levée de fonds populaire illustre la profonde crise de confiance entre les communautés locales et les institutions chargées de leur sécurité.
Diddy MASTAKI