Dans une tournure surprenante des événements, une dizaine de membres des mouvements citoyens ont été interpellés aux abords du Palais du peuple à Kinshasa le samedi 3 février.
Cette interpellation soudaine est survenue alors que ces militants manifestaient contre l'agression rwandaise et les 600 jours d'occupation de la cité stratégique de Bunagana par la rébellion du M23. Les militants, dont Bienvenu Matumo et Fred Bauma de la LUCHA, ont été pris au dépourvu par une opération dirigée par des individus en civil se prétendant membres des services de sécurité.
En effet, selon des témoins oculaires, des individus en civil se sont infiltrés parmi les activistes, participant initialement à l'action avant de révéler leur véritable identité et de procéder à l’interpellation. Les militants ont été rapidement embarqués dans un véhicule et conduits vers une destination encore inconnue. Cette action a suscité des inquiétudes au sein de la communauté des défenseurs des droits de l'homme et des mouvements citoyens.
Tard dans la soirée du samedi, la Lucha annonçait être sans nouvelles de sept (7) membres des mouvements citoyens, dont 4 des siens, « enlevés » le 3 fevrier par des agents présumés de l'ANR à bord d'une jeep blanche à Kinshasa à l'issue d'un rassemblement citoyen de commémoration de 600 jours d'occupation de Bunagana.
La Lucha qui se dit inquiète pour la sécurité et l'intégrité physique des personnes interpellées, a déclaré dans sa communication officielle « qu’au lieu de procéder aux enlèvements de citoyens inoffensifs à Kinshasa, les services de sécurité peuvent se rendre utile à l'Est de la République Démocratique du Congo où sévissent des groupes armés dont le M23 ».
Et de poursuivre : « A ce titre, nous appelons les services de sécurité à relancer les offensives militaires pour libérer les territoires occupés à l'Est du pays, neutraliser tous les groupes armés et protéger les civils exposés aux exactions des bandits armés de tout bord ».
Réagissant à cette situation, Jean - Claude qui est le président national de l’Asadho a affirmé déceler une « contradiction » chez le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi. « On fait des discours contre le Rwanda, mais quand les citoyens manifestent contre le Rwanda, on les arrête ».
« Pendant que nous sommes préoccupés par la progression du M23, l'ANR continue à arrêter les militants qui manifestent contre l'occupation de Bunagana. Êtes-vous avec l'ennemi ou avec les congolais? Libérez tous les militants qui ont été arrêtés hier au palais du peuple. Honte à vous », a-t-il ajouté.
Pour lui, résister à l'agression rwandaise est un devoir pour tout vrai congolais. « Pourquoi l'ANR a arrêté les militants des mouvements citoyens qui manifestaient contre l'occupation de Bunagana, hier à Kinshasa ? Est-ce que l'ANR soutient la cause du Congo ou des ennemis ? Libérez les amis qui sont en détention à l'ANR/3Z. Nous condamnons cette arrestation avec toute la fermeté ».
À la mi-journée de ce dimanche, des sources concordantes suggèrent que les militants qui ont été interpellés sont détenus dans les locaux de l'Agence Nationale des Renseignements et qu'ils ont été soumis à des interrogatoires pendant les avant-midi. Cependant, il demeure difficile de déterminer pour le moment les raisons exactes de leur interpellation.
Il sied de noter que ces interpellations interviennent dans un contexte où des préoccupations sécuritaires sont de plus en plus croissantes dans le pays, particulièrement dans l’Est du pays suite à la persistance des affrontements entre l’armée régulière et les rebelles du M23.
CongoRassure