À l’approche du Festival Amani, prévu à Goma du 15 au 17 novembre 2024, les opinions s'opposent sur la pertinence de cet événement dans un contexte d'insécurité. Alors que certains, comme le Mouvement National Congolais (MNC), demandent son annulation immédiate, évoquant les risques liés à la présence de forces armées aux alentours de la ville, d'autres, tels que le mouvement citoyen LUCHA, soutiennent que ce festival est un symbole de résilience et d’espoir pour les jeunes de Goma.
Dans une déclaration, le MNC a exprimé une vive opposition à la tenue du festival, citant la situation sécuritaire critique dans la région.
« Nous, Mouvement National Congolais, disons non à la tenue du Festival Amani à Goma », insiste ce groupe.
Le MNC explique que cette opposition est motivée par l'insécurité persistante et l'influence de forces armées étrangères : « Notre pays, la RDC, étant sous l’agression rwandaise et la ville de Goma encerclée par les RDF/M23, le MNC trouve inopportune l'organisation du soi-disant festival ».
Aux yeux du mouvement, l’événement n’apporte aucun bénéfice à la paix dans la région, bien au contraire.
« Nous demandons l’annulation immédiate de cette aventure dont l’apport à la paix est nul », conclut le MNC dans sa déclaration.
En parallèle, le MNC appelle les habitants de la région à se mobiliser contre le festival. « Nous demandons à la population du Nord-Kivu en général, et de Goma en particulier, de se lever comme un seul homme et de dire non à ce dit festival », martèle le groupe.
Pour le MNC, le contexte sécuritaire rend impossible toute justification de la tenue d’un événement de cette envergure dans une ville encerclée par des forces ennemies.
À l’inverse, le mouvement citoyen LUCHA prend une position tout à fait différente et salue l'organisation du festival, qu’il voit comme un symbole de résilience et d’espoir pour les jeunes de Goma. Josué Walay, un militant de la LUCHA, explique : « Pour nous, le Festival Amani n’est pas un problème. Le festival fait partie des activités qui font la fierté de la ville de Goma. Aujourd'hui, c’est l'un des grands festivals d'Afrique centrale, et on ne voit pas pourquoi l'initiative des jeunes de Goma devrait être contrée par nous-mêmes ».
La LUCHA considère que le festival joue un rôle crucial pour rassembler la jeunesse et renforcer la cohésion sociale à travers la culture. « Nous, en tant que mouvement citoyen, ne pouvons pas prendre position contre le festival. Le festival est une occasion pour nous de lancer des messages de paix, de sensibiliser et de conscientiser toujours la population. Cela rassemble beaucoup de gens, et c'est aussi un moyen pour atteindre la paix », poursuit-il.
Pour la LUCHA, les activités culturelles sont des instruments essentiels dans la lutte pour la paix, même en période de tensions.
Cette divergence de points de vue révèle les dilemmes auxquels font face les habitants de Goma, pris entre les préoccupations sécuritaires et le besoin de maintenir des espaces de partage et de culture. Alors que les dates du festival approchent, la question de son opportunité reste sensible dans une région marquée par les conflits, où chacun espère néanmoins voir renaître la paix.
Diddy MASTAKI