
La République Démocratique du Congo s’est jointe, vendredi 11 juillet, à la communauté internationale pour célébrer la Journée mondiale de la population, sur fond de défis persistants liés à la croissance démographique, à la crise humanitaire et à l’instabilité sécuritaire, notamment dans sa partie orientale.
Placée cette année sous le thème : « Investir dans les données démographiques pour un avenir durable », la journée intervient alors que la RDC est l’un des pays les plus peuplés d’Afrique, avec une population estimée à plus de 110 millions d’habitants, dont une majorité jeune. Mais cette dynamique démographique, loin d’être un simple atout, représente aussi un enjeu majeur dans les régions déstabilisées par les conflits armés, à l’instar du Nord-Kivu, de l’Ituri, du Sud-Kivu et du Tanganyika.
Dans l’Est du pays, la croissance de la population est aggravée par les déplacements massifs dus aux conflits, les violences armées et les catastrophes naturelles. Selon les dernières données du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de sept (07) millions de personnes sont déplacées internes, dont une large proportion de femmes et d’enfants vivant dans des conditions précaires, sans accès stable à l’éducation, à la santé ni à une alimentation suffisante.
À Goma, Beni, Bunia ou encore Uvira, les camps et sites d’accueil débordent. Cette pression démographique, non planifiée, rend plus difficile la gestion urbaine, la planification sanitaire et l’accès aux services de base. De nombreuses communes voient leur population doubler en quelques années, sans que les infrastructures suivent.
Santé, éducation, emploi : les défis s’accumulent
La forte croissance de la population dans un contexte d’insécurité chronique accentue les vulnérabilités sociales. Les centres de santé sont débordés, les écoles surpeuplées, et l’accès aux services sociaux de base est limité, en particulier pour les jeunes et les femmes. Le taux de fécondité en RDC demeure l’un des plus élevés au monde, avec environ six (06) enfants par femme, selon l’UNFPA.
Dans les territoires comme Rutshuru, Irumu ou Fizi, les acteurs humanitaires tirent la sonnette d’alarme : la planification familiale reste un tabou dans plusieurs zones rurales, faute d’informations, de structures adaptées et de stabilité. Par ailleurs, le chômage des jeunes, dans une région où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans, alimente le désespoir et, parfois, le recrutement par des groupes armés.
En cette Journée mondiale de la population, les organisations nationales et internationales appellent le gouvernement congolais à renforcer la collecte et l’analyse des données démographiques fiables, indispensables pour guider les politiques publiques en matière d’urbanisation, d’éducation, de santé reproductive et de développement économique.
Le Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA), partenaire de longue date de la RDC, plaide pour des investissements massifs dans la jeunesse, en particulier dans les provinces affectées par les conflits. Il s’agit de transformer cette pression démographique en opportunité, en dotant la jeunesse de compétences, d’emploi et d’un environnement sécurisé.
Dans l’Est de la RDC, marquer la Journée mondiale de la population revient à reconnaître l’impact des conflits sur la dynamique démographique et à rappeler l’urgence de protéger les civils, notamment les femmes enceintes, les adolescentes, les enfants déplacés et les familles sans abri. Car derrière les chiffres se cachent des vies, souvent marquées par la précarité, la violence et l’incertitude.
Face à une population jeune et en rapide expansion, la RDC n’a d’autre choix que d’investir dans la paix, l’éducation, la santé et l’égalité des chances pour bâtir une société capable de tirer parti de son capital humain.
Diddy MASTAKI