
Une scène inhabituelle s’est produite lundi 14 juillet matin au rond-point Nyamwisi, en plein cœur de la ville de Beni, au Nord-Kivu. Des dizaines de veuves de militaires, déplacées de Goma suite aux violences perpétrées par la rébellion du M23, ont érigé des barricades pour exprimer leur ras-le-bol face à l’inaction des autorités.
Ces femmes en détresse dénoncent le non-paiement de six mois d’arriérés de soutien censé leur être versé par l’État Congolais. Visiblement à bout, elles ont interrompu la circulation au niveau de ce carrefour stratégique, scandant des slogans et brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Nous avons perdu nos maris pour la patrie, ne nous laissez pas mourir dans l’oubli ».
« Nous avons fui la guerre à Goma avec nos enfants. Nous vivons dans des conditions déplorables à Beni, sans abri, sans nourriture. Et depuis six mois, aucune aide ne nous est parvenue. C’est une trahison pour nos maris tombés au front », a lancé l’une des manifestantes, veuve d’un militaire tombé sur la ligne de front à Kibumba.
Sur place, les forces de l’ordre ont été déployées pour contenir la foule et éviter tout débordement. Aucun incident majeur n’a été signalé, mais la tension reste palpable.
Du côté des autorités locales, peu d’informations ont filtré pour l’instant. Le service social des FARDC dans la région affirme être au courant de la situation et promet de faire remonter les doléances à la hiérarchie.
Cette manifestation met en lumière les souffrances souvent invisibilisées des familles des militaires congolais, prises entre le deuil, le déplacement et la précarité. Elle interpelle également sur la gestion du soutien aux victimes collatérales des conflits armés qui secouent l’est de la République Démocratique du Congo depuis plusieurs décennies.
Diddy MASTAKI