
Le dernier rapport du Bureau de la coordination des Affaires Humanitaires des Nations-Unies (OCHA) du 11 juillet dernier, couvrant la période du 1ᵉʳ au 30 juin 2025, dresse un constat alarmant de la situation humanitaire dans la province du Nord-Kivu. Marquée par des affrontements armés récurrents, des déplacements massifs de populations et une insécurité alimentaire persistante, la région reste sous haute tension.
Plus d'un million de déplacés internes
Selon les données du rapport, plus de 1,03 million de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du Nord-Kivu, tandis que 2,01 millions sont retournées dans leurs localités d’origine, souvent sans accès aux services de base. Par ailleurs, plus de 4,19 millions de personnes vivent en situation d’insécurité alimentaire sévère (IPC 3+).
Une insécurité persistante dans plusieurs territoires
Les territoires des Rutshuru, Masisi, Lubero et Walikale ont connu une intensification des violences armées en juin. À Rutshuru, plus de 3 600 personnes ont fui la localité de Bukombo à la suite de combats entre groupes armés. À Masisi, plusieurs centaines de civils ont été déplacés après des attaques successives à Nyabiondo, Muhanga et Kinyumba.
Dans le territoire de Lubero, les attaques contre les civils se sont multipliées, notamment à Kanyabayonga et Kironge, où des patients ont été enlevés dans une structure de santé et des femmes victimes de violences sexuelles. À Bapere, trente-cinq (35) civils ont été tués dans des sites miniers lors d’attaques attribuées aux ADF.
Goma : accalmie relative, mais criminalité urbaine inquiétante
Si la ville de Goma a connu un calme relatif sur le plan militaire, la criminalité urbaine y est en forte hausse. Braquages, assassinats et cambriolages sont devenus quotidiens, avec au moins dix (10) morts en juin.
En parallèle, la province fait face à une flambée inquiétante de cas de Monkeypox (Mpox) avec plus de 6 300 nouveaux cas signalés, dont la moitié dans la ville de Goma et le territoire de Nyiragongo.
Aide humanitaire : des réponses multiples mais insuffisantes
Malgré les difficultés, les acteurs humanitaires restent mobilisés : 56 000 personnes ont reçu une aide alimentaire dans le Grand Nord (Butembo, Katwa, Musienene…) ; Près de 160 000 bénéficiaires ont reçu une assistance à Rutshuru ; Plus de 46 800 déplacés ont eu accès à des soins de santé primaire gratuits ; 3 200 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ont été pris en charge.
Dans le domaine de la protection, 322 enfants non accompagnés ont été réinsérés dans leurs familles, tandis que 595 survivantes de violences sexuelles ont reçu une assistance médicale et psychosociale.
En matière d’eau et d’assainissement, 21 sources d’eau ont été réhabilitées dans les territoires de Masisi et Rutshuru, et plus de 523 latrines construites. Près de 10 000 personnes ont été sensibilisées aux bonnes pratiques d’hygiène.
Un appel à la solidarité internationale
La visite de terrain du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Tom Fletcher, à Goma, Masisi et Nyiragongo, témoigne la gravité de la crise. L’OCHA appelle à une mobilisation urgente des ressources, alors que de nombreux partenaires se désengagent faute de financements, laissant plusieurs zones de santé sans couverture humanitaire.
Diddy MASTAKI