
Dans les rues de Goma, le vrombissement habituel des motos-taxis semble avoir perdu de sa vigueur. Depuis plus d’une semaine, la hausse spectaculaire du prix du carburant bouleverse le quotidien des habitants et menace l’équilibre fragile du transport urbain.
À la pompe, le litre d’essence est passé de 3 500 Francs Congolais (FC) à 4 500 FC, soit une augmentation de 1 000 FC. Mais c’est surtout sur le marché noir que la situation prend des allures d’étouffement. Une mesure de 1,5 litre, qui coûtait 5 500 FC, atteint désormais entre 7 500 et 8 000 FC.
Pour les conducteurs, cette flambée est synonyme de survie compromise. « Quand le prix atteint ce niveau, on ne sait plus comment travailler. Nombreux motocyclistes comme moi ne sont pas propriétaires de motos. Donc on commence à travailler juste pour du carburant et le versement journalier. Ça nous rend la vie encore plus difficile », déplore Julien, motocycliste croisé au rond-point Signers.
À quelques mètres de là, Thérèse, vendeuse de légumes au marché Virunga, raconte qu’elle a dû doubler le prix de ses tomates : « Avant, je payais 1 500 FC pour transporter mon sac du marché de Kahembe jusqu’ici. Aujourd’hui, le chauffeur me demande 2 500 FC ou 3 000 FC. Que faire ?J’augmente aussi le prix de mes produits, mais les clients se plaignent », s'est-elle exprimée sur congorassure.cd.
Dans un taxi-bus en direction de Katindo, l’ambiance est tendue. Les passagers discutent vivement avec le chauffeur à propos de l’augmentation du tarif de la course.
« Hier, j’ai payé 500 FC pour venir en ville. Aujourd’hui, on me demande 1 000 FC. Je n’ai pas cet argent tous les jours », s’indigne Aline, Boutiquière à Birere.
Même les chauffeurs de taxi-bus se disent piégés. César, conducteur depuis dix ans, confie : « Avec le prix du carburant, on travaille presque en perte. Si on garde l’ancien tarif, on ne peut plus payer la location du véhicule. Mais si on augmentait, les passagers nous insultent ».
Cette crise survient dans un contexte déjà lourd. La ville de Goma, sous administration de la rébellion du M23, vit une période d’incertitude financière et socio-économique. Pour de nombreux habitants, le carburant devient un luxe, et se déplacer relève désormais d’un défi quotidien.
En attendant une éventuelle réponse des autorités, les Gomatraciens s’adaptent comme ils peuvent : marcher de longues distances, réduire leurs déplacements ou encore partager les frais entre plusieurs passagers. Une résignation teintée d’amertume face à une crise qui risque de s’installer.
Diddy Mastaki