
Ituri : Trois officiers FARDC arrêtés pour avoir magouillé autour des effectifs des militaires sur les fronts
Par Lwanzo K. –CongoRassure
Durant cette période où l’état de siège est en vigueur au Nord-Kivu et en Ituri, la question des réels effectifs de l’armée est au cœur des débats, surtout après que le Président de la République a reconnu durant ses échanges avec les forces vives de Beni et de l’Ituri, l’existence « des magouilleurs et des mafiosos » au sein de l’armée congolaise.
Des arrestations qui confortent les révélations du Président
À moins d’une semaine de cette révélation du Chef de l’Etat Congolais, la justice militaire annonce avoir mis la main sur un groupe d’officiers qui entretenaient le duperie autour du nombre exact des militaires présents sur les fronts en province de l’Ituri.
La justice qui indique qu’il s’agit de trois officiers, souligne que ceux-ci sont détenus depuis mardi 22 juin à l’auditorat supérieur près la cour militaire de la province de l’Ituri. « Ils sont poursuivis pour augmentation des effectifs militaires au sein des unités engagées dans les opérations en Ituri, en cette période de l’état de siège » a déclaré le colonel magistrat Kumbu Ngoma, avocat général militaire.
Les sources judiciaires qui indiquent que cette magouille a été constatée au sein du 3401 ème régiment des FARDC basé à Boga, en opérations contre les ADF, renseignent que les incriminés sont respectivement “un lieutenant-colonel, directeur adjoint chargé de l’administration de la 32e région militaire à Bunia ainsi que deux majors, notamment le chef du bureau de rémunération de la 32e région et le chef de l’administration du 3401eme régiment, dont les éléments sont en opération à Boga dans le territoire d’Irumu.«
En outre, la justice militaire qui se félicite de ces arrestations, souligne que cela pourra permettre à ses services de venir à bout des réseaux mafieux qui gangrènent l’armée et qui ternissent l’image des forces loyalistes.
Les forces vives de l’Ituri pour qui ceci est une suite logique après les révélations faites par le Président de la République, estiment que les enquêtes devraient être menées sérieusement afin de démanteler le réseau dans tout son ensemble.
Silence du côté de l’armée
Pour l’instant, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo ne se sont pas encore exprimées sur le sujet. Par ailleurs, d’autres militaires affectés dans la région, disent ne pas être au courant d’une quelconque arrestation. Contacté par CongoRassure, sans confirmer ces arrestations, le porte-parole de l’armée en Ituri, le lieutenant Jules Ngongo a promis revenir dans les prochaines heures avec des plus amples détails.
Qu’en pensent les analystes ?
Cependant plusieurs observateurs avisés appellent à la prudence autour du sujet des effectifs. Ils soutiennent que l’armée devrait instruire le dossier dans une discrétion totale car en pleine opération, il n’est pas prudent d’aborder cette question clairement de peur d’attiser la curiosité de l’ennemi. Ils estiment que cette question devrait normalement faire partie du secret de défense au vu de la situation qui sévit dans la région.
D’autres encore,appellent l’auditorat militaire à bien approfondir le sujet. « Les militaires qui sont en opérations reçoivent leurs soldes en mains propres et loin des banques. Pour les fictifs, leurs soldes restent dans les banques pour plusieurs mois. En cas de non retrait, l’argent est déversé dans les caisses du trésor public” explique un analyste, au faîte de la situation. Selon lui, l’auditorat devrait s’intéresser sur l’identité de ceux qui autorisent le retrait des soldes des fictifs dans les banques, mais aussi que la justice militaire devrait enquêter sur la destination de ces sommes une fois retirées. Pour lui, il serait judicieux que l’auditorat militaire invite également l’inspection générale des finances en vue de clarifier ce dossier aux contours flous.