
Dans un communiqué officiel publié le 5 mai 2025, Caritas-Développement Kindu (CDK), à travers son Bureau Diocésain Justice et Paix, condamne fermement les menaces de mort proférées contre les ressortissants du Grand Kasaï à Kindu et dans d’autres localités du Maniema. Ces menaces sont liées à une possible condamnation de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo par la Cour constitutionnelle dans le dossier controversé du projet Bukanga-Lonzo.
Depuis quelques jours, des tracts circulent sur les réseaux sociaux, promettant représailles contre les Kasaïens si l’élu de Kindu, Matata Ponyo, venait à être reconnu coupable. Le Bureau Diocésain estime qu’il ne faut pas prendre ces menaces à la légère dans un contexte de fragilité sécuritaire et de faiblesse de l’autorité de l’État dans les provinces de l’Est.
Dans sa communication, Me Baudouin Mushabah Saleh, Coordonnateur du Bureau Diocésain Justice et Paix, dénonce « des idées diaboliques » contraires à la paix et à la cohésion nationale. Il rappelle que les ressortissants du Grand Kasaï ne sont en rien impliqués dans le procès de l’ancien chef du gouvernement et que les stigmatiser est une dérive grave susceptible d’alimenter les tensions ethniques.
« S’attaquer impunément aux innocents est un comportement qui risque de fragiliser l’unité nationale et de servir les plans de balkanisation du pays », alerte le communiqué.
Une inquiétude autour de la procédure judiciaire
Tout en appelant à l’apaisement, le Bureau Justice et Paix exprime son malaise face à la procédure engagée contre Matata Ponyo. L'organisation estime que celle-ci viole l’article 107 de la Constitution et dénote un traitement judiciaire politisé, mettant en péril la crédibilité de la Cour constitutionnelle.
Le procès est perçu comme un acharnement politique aux conséquences potentiellement explosives dans une région déjà marquée par des frustrations sociales et communautaires.
Face à la montée des tensions, le Bureau Justice et Paix invite le Président Félix Tshisekedi, en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions, à demander la suspension de cette affaire judiciaire pour préserver la paix sociale.
« Le respect de la Constitution et des lois concourt à la paix et à la cohésion nationale, en évitant des conflits inutiles », conclut le communiqué.
Caritas-Développement Kindu en appelle à toutes les composantes de la population du Maniema à rejeter les appels à la haine et à travailler au vivre-ensemble dans le respect de la dignité humaine.
Diddy MASTAKI