
L’heure de reproche a-t-elle sonné ? De toute évidence, oui. Dans une correspondance adressée au vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la RDC, l'EAC , qui était pourtant silencieux depuis un temps, a demandé des explications sur le départ des officiers de l'armée rwandaise qui étaient stationnés au quartier général de cette force à Goma.
"Clarification urgente sur l’expulsion des officiers rwandais en poste au quartier général de la force régionale de l'Afrique de l'Est", tel est l'objet du document envoyé au vice-Premier ministre Christophe Lutundula par le secrétaire général de la Communauté des États de l'Afrique de l'Est, qui se dit “préoccupé” par l'expulsion de ces éléments de l'armée rwandaise.
Le secrétaire de l’EAC rappelle d'emblée que le déploiement de ces officiers au quartier général de la Force régionale de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est à Goma pour appuyer le Centre de commandement régional, était “une décision des chefs d'Etat” lors de leur réunion sur le processus de paix à l'Est de la RDC tenue en marge de la COP 27 le 7 novembre 2022 à Sharm El Sheik en Egypte.
Pour lui, ces officiers rwandais ne devraient pas être expulsés du territoire congolais car ils bénéficient d'une immunité en vertu de l'Accord sur le statut des forces (SOFA) que la RDC a conclu avec la Communauté d'Afrique de l'Est concernant le déploiement de la Force régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est (EACRF) dans l'est. "En vertu de l'article 2 du SOFA, la RDC et l’EAC (CAE) ont convenu que l'EACRF et son personnel bénéficieront des privilèges et immunités spécifiés dans l'accord et le protocole de la CAE sur la coopération en matière de défense", explique Peter Mutuku Mathuki, secrétaire général de l’EAC.
Tout en insistant sur le fait que la communauté des États de l’Afrique de l’Est reste engagée dans la restauration de la paix et de la sécurité dans l'est de la RDC, le secrétariat de l'organisation régionale insiste sur le fait qu'il souhaiterait obtenir des "clarifications supplémentaires et urgentes" de Kinshasa.
Cette correspondance suscite beaucoup de colère dans l'opinion congolaise, qui critique sévèrement depuis quelques temps l'inaction des troupes de la force régionale de l'EAC présentes au Nord-Kivu. La réaction des autorités de Kinshasa est très attendue par la population, dont une grande partie exige que la RDC quitte cette organisation régionale et que les troupes de l'EAC quittent le territoire congolais.