
Le député national Claudel Lubaya a émis des inquiétudes sur le projet de loi portant création de la réserve militaire de défense en République démocratique du Congo après son adoption par le gouvernement lors de la 89e réunion du Conseil des ministres et par les députés nationaux lors de la séance plénière du jeudi 20 avril 2023.
Même si le gouvernement explique que la Réserve de l'Armée de Défense est une structure de réservistes citoyens congolais qui viennent en appui aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo, Claudel Lubaya estime que la promulgation de ce texte va à l'encontre de la résolution de l'Assemblée nationale interdisant toute intégration des forces négatives au sein des FARDC.
Selon l'élu de Kananga, qui soutient que cela légalise l'intégration des milices dans l’armée gouvernementale, les députés avaient déjà adopté à l'unanimité, l'année dernière, une résolution interdisant l'intégration des groupes armés, sinon des éléments des groupes armés dans les Forces loyalistes. "Je crains qu'après la promulgation de cette loi, nous soyons rattrapés et que notre propre résolution soit contournée", a déclaré Lubaya.
Pour lui, toute législation concernant les FARDC doit être basée sur une loi organique. Il a de ce fait proposé une lecture de la constitution du pays en ce qui concerne les FARDC, rappelant que la constitution accorde déjà une loi organique sur l'organisation et le fonctionnement de l’armée régulière en plus de la loi sur le statut des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo.
"D'abord sa base constitutionnelle est nulle, elle évoque tantôt l'article 64 et je proposerais plutôt qu'au lieu d'aller à une loi que le gouvernement ou alors que la commission examine la possibilité d'amender la loi portant organisation et fonctionnement des Forces armées pour que nous n'ayons pas une loi supplémentaire qui organise un corps parallèle, une armée parallèle à l'armée républicaine", a-t-il ajouté.
Il est à noter que le projet de loi crée une réserve composée de militaires de carrière et de divers services de sécurité à la retraite, de démobilisés du service militaire obligatoire, de démobilisés du service militaire contractuel, de volontaires civils ayant suivi une formation et un encadrement militaire ad hoc. Il définit les conditions d'admission et de perte de statut des réservistes, organise la structure et lui attribue des missions, fixe également la rémunération et détermine le régime disciplinaire et juridique.
Du côté des défenseurs de ce projet, nombreux sont ceux qui affirment que, bien qu'il y ait des opinions divergentes sur cette question, la Réserve de l'Armée de Défense pourrait être une solution envisageable pour les FARDC, affaiblie par la déficience de la formation des soldats et le sous-financement des opérations militaires. Ils estiment que l’initiative est une preuve supplémentaire de la volonté du gouvernement congolais de renforcer les capacités de l'armée et de maintenir la sécurité publique.
CongoRassure