
La création à Nairobi du mouvement politique « Sauvons la RDC », initié autour de l’ancien Président Joseph Kabila, continue de susciter une vague d’indignation au sein de la classe politique Congolaise et de la société civile. Plusieurs voix dénoncent une tentative de déstabilisation politique déguisée en initiative citoyenne.
Le ministre du commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, n’a pas mâché ses mots. Dans une déclaration ferme, l’ancien gouverneur du Nord-Kivu a invité Joseph Kabila à adopter une posture digne de son ancien rang.
« Quand on a été chef d’État, on doit viser plus haut : briguer par exemple la présidence de la commission de l’Union Africaine ou de l’OIF, plutôt que chercher à déstabiliser le pays qu’on a eu à diriger », a lancé Julien Paluku, dans un ton critique envers son ancien mentor politique.
De son côté, la militante Ekila Bofunda, figure du mouvement Urgences Panafricanistes RDC, a violemment dénoncé la participation de certains jeunes activistes Congolais à cette rencontre. Dans une déclaration virulente publiée sur les réseaux sociaux, elle a fustigé ce qu’elle appelle une « messe noire et indigne ».
« Il n’y a absolument RIEN ! Pas un seul acte, pas une seule pensée, pas un seul discours qui ne justifie de s’allier ou de s’assoir aujourd’hui avec le génocidaire Joseph Kabila que l’on sait proche du régime de Kagame et formé idéologiquement et militairement par Kabarebe », a-t-elle déclaré avec colère.
La militante a également rappelé les souffrances vécues par les Congolais sous le régime Kabila, évoquant les crimes, tortures, assassinats et viols commis durant cette période.
« C’est une honte sans limite que d’avoir accepté de se déplacer et de s’assoir à sa table. Moi en tant qu’individu et l’antenne RDC de notre organisation citoyenne Urgences Panafricanistes, nous nous désolidarisons totalement de cette démarche », a-t-elle ajouté.
Le souvenir des victimes encore vif
Ekila Bofunda a conclu son message en rendant hommage à Luc Nkulula, figure emblématique du mouvement citoyen LUCHA, mort dans des circonstances tragiques en 2018.
« J’ai une pensée pour notre frère et héros Luc Nkulula, assassiné sur ordre de Kabila, et pour toutes les personnes qui ont enduré les pires horreurs sous son régime… C’est cracher sur les victimes, sur les survivantes de viol, sur tout un combat citoyen », a-t-elle dénoncé.
Un climat politique de plus en plus tendu
Alors que Kinshasa voit d’un mauvais œil la multiplication des initiatives politiques venues de l’étranger, cette nouvelle plateforme née à Nairobi risque d’attiser davantage les tensions entre le pouvoir et les anciens dirigeants. Pour le gouvernement congolais, ces manœuvres rappellent les heures sombres des mouvements politico-militaires nés hors du pays, souvent synonymes de crises et d’instabilité.
Diddy MASTAKI