
Située entre le lac Kivu au Sud, la frontière Rwandaise à l'Est, les volcans et le Parc National des Virunga au Nord et au Nord-Ouest Goma, grande ville de la façade orientale de la RDC, est au cœur des richesses et des drames de l'immense pays d'Afrique centrale et connaît une métamorphose impressionnante en dépit des longs moments de guerre qu’elle traverse.
De ses origines, Goma doit son nom à la déformation de tam-tam, « Ngoma » en swahili, langue à plus d’interlocuteurs dans la zone et comptée parmi les quatre (04) langues nationales du pays, la République Démocratique du Congo.
Cette ville vivant entre les guettes fait l’objet de plusieurs convoitises et constitue l’épicentre de presque toutes les guerres qui sévissent dans la partie Est de la RDC. Mais bien que la vie reste incertaine suite à la détérioration de la situation sécuritaire, Goma, en tandem avec la ville de Butembo, le plus grand centre commercial de la région s’activent pour conférer à la capitale provinciale une autre couleur et effacer l’image de la guerre qui l’affecte.
Cette ville est cosmopolite. Elle est le carrefour de presque tous les groupes ethniques du pays, carrefour des affaires pour certains ressortissants des pays de la région de l’Afrique de l’Est.
Comme pour le reste de la République Démocratique du Congo, le nombre d'habitants de Goma est difficile à établir, mais il se situe entre 1 et 2 millions, ce qui en ferait la 3e ou 4e ville du pays. La capitale, Kinshasa, est à quelque 1.500 km à l'Ouest.
Depuis l’ancienne éruption du volcan Nyiragongo en 2002, le 3/4 de la ville a été consumé par cette coulée de la lave et la ville s’est vite reconstruite. Mais une bonne partie de son patrimoine a été saccagée et volée par les combattants du M23 en 2013 lorsque la ville a été prise d’assaut par cette rébellion jadis sous la conduite des seigneurs de guerre Bosco Ntaganda et Sultani Makenga.
Depuis ce temps, Goma est en pleine métamorphose jusqu’à refléter l’image d’une ville construite par ses propres fils. Des constructions modernes sur presque toute l’étendue de la ville, des artères principales bien asphaltées aux côtés des avenues montées en pavés. Goma ne connaît plus la poussière identitaire qu’il vivait il y a plus de 10 ans environ et reste tout particulier face aux anciennes villes du pays. Il est un chantier et non une ville de renouvellement des constructions coloniales.
La ville de Goma est collée au Rwanda, avec deux postes frontiers, la "petite barrière" et la "grande barrière", qui la relient à la ville Rwandaise de Gisenyi et bruissent généralement de l'activité des commerçants qui vendent leurs produits de part et d'autre. Son port lacustre, au nord du lac Kivu, permet aux paysans et commerçants d'acheminer en pirogues à moteur les produits maraîchers et d'élevage des rives et de l'île d'Idjwi, au milieu du lac. Des "canots rapides" font la navette avec Bukavu, à la pointe sud du lac.
Goma est aussi desservie par un aéroport international et par la route nationale numéro 2, qui mène vers le nord et permet d'accéder également à l'Ouganda. La région est très fertile, produisant des légumes, café, fromages, etc, ... Emblèmes de la ville, les "Tshukudus", grandes trottinettes de bois qui ont survécu à l'invasion des motos, dévalent les pentes, chargées de matériaux ou produits des champs.
Convoitises
Elle a un grand potentiel touristique, avec ses lacs, ses volcans et ses gorilles de montagne, principale attraction du Parc National des Virunga. Le Nord-Kivu et les provinces voisines sont aussi riches en minerais de toutes sortes, qui attisent de nombreuses convoitises.
Le drame de Goma et des Kivu a commencé en 1994, à la fin du génocide des Tutsis Rwandais, quand la ville puis la région ont été submergées de réfugiés Hutus. Parmi eux se trouvaient des auteurs du génocide, dont certains sont encore dans des groupes armés actifs dans l'Est de la RDC.
Dans le sillage du génocide, la RDC a connu deux guerres régionales, entre 1996 et 2003, durant lesquelles Goma a été aux premières loges, subissant combats et occupations. Les groupes armés, locaux ou d'inspiration étrangère, ont pullulé. Une économie de violence et de prédation s'est installée.
Ajoutant au chaos, Goma a connu deux éruptions du volcan Nyiragongo tout proche, une en 2002, qui l'a touchée jusqu'au cœur, l'autre en 2021.
Malgré tout, la ville au sol volcanique et sombre, au climat tempéré par rapport au reste du pays, est parmi les plus dynamiques de la RDC. Et paradoxalement, elle vit en partie de la présence du personnel humanitaire et de l'ONU déployé en masse dans la région pour venir en aide aux victimes des violences.
Diddy MASTAKI, Goma