
Rome et Maputo : Deux tribunes que la RDC devrait intelligemment exploiter pour parler des terroristes ADF
Par Christina Mukongoma –CongoRassure
Le 28 juin prochain, la République Démocratique du Congo est invitée à Rome où elle prendra part à la réunion de la Coalition mondiale contre Daesh. Et ce mercredi 23 juin, la question du terrorisme dans la partie Est de la RDC sera au menu du sommet de la SADC qui va se tenir à Maputo. Est-ce enfin le sursaut mondial qu’espéraient les congolais ?
En quelques 8 ans, dans la région de Beni au Nord-Kivu, les rebelles de l’ADF ont lâchement massacré des innocents. Femmes , enfants, jeunes et vieillards y sont passés. Et plusieurs autres habitants qui ont malheureusement croisé les chemins de ces combattants rebelles dont le groupe tire ses origines en Ouganda, ont fini kidnappés par ces assaillants et restent portés disparus des années après.
Malencontreusement, la prolifération d’armes, des complicités locales et au sein de l’armée avérées, l’explosion des trafics de cacao ainsi que des attaques répétées des Forces Armées de la République Démocratique du Congo sur les bastions des rebelles ADF, ont achevé de propager cette guerre larvée vers une partie importante de la province de l’Ituri, multipliant ainsi la zone des opérations des malfrats et potentiellement, le nombre de leurs prochaines victimes.
Cependant, dernièrement cette situation chaotique et qui, à première vue semble quasi incontrôlable, semble recevoir un peu plus d’échos à l’extérieur des frontières de la RDC. Contrairement aux faux-fuyants observés dans le chef des partenaires du Congo-Kinshasa quelques mois auparavant, peu à peu les voix s’élèvent au sein des organisations régionales, continentales et même internationales au vu de la persistance des tueries et au palmarès des crimes odieux des ADF qui ne cesse de s’allonger.
Certes, par le passé, plusieurs membres de la communauté internationale s’étaient déjà exprimés sur le sujet mais aucun ne daignait jusque-là aller dans la profondeur de la chose, en citant notamment nommément les bourreaux. Et pire, personne ne semblait motivée ou ne donnait l’air de vouloir pousser des enquêtes pour découvrir la vraie identité des assaillants et leurs revendications, et ce, malgré des nombreux appels à l’aide lancés par les dirigeants de l’ancien régime.
Ainsi Il aura fallu des milliers des disparus et des victimes atrocement tuées à la machette pour que les États-Unis listent enfin au mois de mars 2021, Daech-RDC (ADF) au titre des organisations terroristes étrangères et des terroristes mondiaux expressément désignés.
Maputo, un début d’espoir ?
La cellule de communication de la Présidence de la République Démocratique du Congo vient d’annoncer le départ, la soirée de ce mardi 22 juin, du Chef de l’Etat à Maputo, où il prendra part au sommet extraordinaire de la Communauté de développement des États de l’Afrique australe (SADC) qui se tient dès ce mercredi 23 juin.
Au cours de ce sommet, la même source renseigne que les participants vont discuter de la question de la lutte contre le terrorisme qui secoue la partie Est de la République Démocratique du Congo des suites de la multiplicité des attaques des rebelles ADF mais aussi, le cas similaire du Nord du Mozambique dans la province de Cabo sera évoqué.
La présence de Félix Tshisekedi au sommet de Maputo devrait constituer un tremplin pour parler suffisamment de la problématique des terroristes de l’ADF afin d’amener ses autres homologues à considérer sérieusement cette situation.
Le Président congolais devrait leur expliquer la nécessité de se fédérer en leur démontrant que si ce problème n’est pas vite et bien contrôlé, il pourra malheureusement s’étendre vers d’autres pays de la sous-région. C’est donc une occasion offerte à la RDC, qui devrait intelligemment en profiter pour mobiliser suffisamment de monde autour de la situation qui prévaut au Nord-Kivu et en Ituri comme c’est la cas avec ce qui se passe au Mozambique.
Mais dans ce cas, la préoccupation persiste autour de l’équipe restreinte, bien informée sur la matière, qui normalement devrait être constituée pour accompagner le Chef de l’Etat sur cette question complexe. Cependant, au vu du récent séjour du Président Tshisekedi dans la région de Beni-Irumu, il est permis d’espérer qu’il en revient enrichi des données à jour et qu’entant que commandant suprême de l’armée, il a pu saisir la complexité du problème et qu’il pourra partager facilement autour de la question avec ses homologues à Maputo.
Une deuxième occasion offerte en Italie
La RDC pourra également abordé la question des ADF avec les puissants du monde, ainsi que d’autres États qui font face au défi similaire, le 28 juin dans la capitale Italienne. Le ministre des affaires étrangères congolais doit à son tour profiter pleinement de cette occasion pour parler des avancées significatives ou mitigées selon les avis des uns et des autres, enregistrées depuis l’instauration de l’état de siège par le Président de la République depuis le 6 mai dernier.
Devant le Secrétaire d’État américain Antony J. Blinken, du ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale Luigi Di Maio ainsi que des ministres des Affaires étrangères de la Coalition mondiale contre Daesh, le vice-premier Ministre et ministre des affaires étrangères Christophe Lutundula Apala devra jouer la carte de l’honnêteté et de l’habileté s’il souhaite mobiliser tout ce monde autour du problème congolais.
Comme il sera également question d’évaluer l’effort déjà fournit en Afrique, Christophe Lutundula pourra épingler les défis que rencontre la RDC dans cette lutte, en espérant l’assistance et le soutien de l’assemblée. Ce sera également une occasion pour la partie congolaise de partager ses expériences sur les différentes méthodes de propagande de l’ADF ainsi que ses moyens de financement, espérant que parmi les pays présents, s’il existe un seul par lequel l’argent sale du groupe terroriste transite, que ce dernier prendra des mesures adéquates.
Que retenir ?
Dans sa lutte contre le terrorisme, la République Démocratique du Congo a besoin de la mobilisation internationale pour venir à bout du groupe de l’ADF dont les membres et adeptes sont majoritairement disséminés dans deux provinces de l’Est du pays. Même si le Chef de l’Etat congolais a instauré l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, rien ne dit cependant que seul Kinshasa, qui visiblement se bute à la résistance de ces terroristes et leurs alliés, sera en mesure de retourner la situation à son profit dans cette région en déshérence depuis très longtemps. La République devrait donc mettre sur pied une équipe diplomatique forte, qui maîtrise la complexité du dossier et qui pourra facilement et aisément communiquer auprès des organisations régionales et internationales. L’expérience ne nous a-t-elle pas appris qu’aucun pays ne peut faire seul face au terrorisme ?