
La situation sécuritaire au Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, est au cœur des préoccupations des autorités politiques et militaires. Alors qu’une partie de la province est agressée par le Rwanda et la rébellion du M23, le ministre de l'enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Nzangi, a tenu une conférence de presse à Goma pour s'exprimer sur la situation.
Cependant, les déclarations du ministre Muhindo Nzangi ont suscité une vive polémique dans la région. Le vice-président de l'assemblée provinciale du Nord-Kivu en sursis, Jean-Paul Lumbulumbu a également exprimé son désarroi quant aux propos tenus par ce membre du gouvernement.
En effet, Muhindo Nzangi a vivement critiqué la position des députés provinciaux, qui ont demandé au gouvernement central de Kinshasa d'envisager, au côté des opérations militaires en cours, la résolution pacifique de la crise entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda afin d’éviter de nouvelles pertes.
Muhindo Nzangi a qualifié cette demande de "trahison" et a affirmé que certains députés ont accepté de pactiser avec l'ennemi. "Notre gouvernement a été stupéfait par la déclaration des députés provinciaux du Nord-Kivu, elle frise la trahison", a réagi Muhindo Nzangi. "Ce n'est pas parce que les députés provinciaux sont mis à l'écart à cause de l'état de siège qu'ils doivent proposer n’importe quoi au gouvernement", a-t-il ajouté, avant de révéler que l'exécutif central dispose de toutes les preuves montrant que certains députés ont été contactés par “les Kazarama” et certains d'entre eux ont cédé à la pression.
Des accusations graves qui n'ont pas été étayées par des preuves concrètes, note Jean-Paul Lumbulumbu pour qui “le Nord-Kivu étant dans un contexte sécuritaire très complexe, il est inapproprié qu'un ministre qui n'est même pas dans son secteur fasse de telles déclarations”.
“Qu'un membre du gouvernement central fasse de telles déclarations sans en apporter la preuve est irresponsable et populiste. Quand on est membre d'un gouvernement central, on est soumis à l'obligation de réserve” déclare M. Lumbulumbu qui estime que le ministre Nzangi voulait tout simplement régler des comptes avec les députés provinciaux. “Quand la nostalgie de l'opposition pousse à rester populiste, le ressentiment au règlement des comptes aux Députés provinciaux, la gestion de 100 millions USD de RAM les entraîne vers une folie des grandeurs. Un Ministre de l’ESU n'est pas le Ministre de la Défense. Le peuple n'est plus dupe”, commente l'élu.
Jean-Paul Lumbulumbu souligne également que la communication du gouvernement central doit être coordonnée et ordonnée, surtout pour des questions aussi sensibles que l'insécurité au Nord-Kivu. Il rappelle par ailleurs que le collectif des députés provinciaux soutient les forces armées congolaises dans leur lutte contre les rebelles, et qu'ils demandent également au président d'accorder une attention particulière à la résolution pacifique de la crise, conformément aux résolutions des sommets de Luanda, Nairobi et Bujumbura.
Le vice-président de l'assemblée provinciale en congé déplore parallèlement le fait qu'un ministre du gouvernement ait soutenu que sans les troupes de l'EAC (Communauté de l'Afrique de l'Est), la ville de Goma aurait été prise. “Une manière de nier les efforts et les sacrifices des FARDC”.
Il sied de noter que le ministre Muhindo NZANGI s'en est également pris à la déclaration des députés nationaux qui ont demandé la suspension du processus électoral assortie de mesures correctrices dans la province du Nord-Kivu car beaucoup de personnes ont été obligées de prendre la route de l'exode suite à la guerre du M23. Pour M. Nzangi, rien ne peut arrêter l’enrôlement, même dans les territoires de Rutshuru et Masisi.
"Les députés nationaux ont demandé l'arrêt de l’enrôlement, je me demande pourquoi il faut arrêter l’enrôlement? Je ne vois pas de raison pour que l'enrôlement soit arrêté, tout le monde sera enrôlé même à Rutshuru et à Masisi", a-t-il déclaré, avant de rassurer que les forces de défense, qui seront appuyées par des "réservistes", notamment des "forces d'autodéfense", vont anéantir la rébellion du M23. "Kinshasa n'a pas encore levé l'option du dialogue avec le M23 dans le format actuel.
CongoRassure