Julien Paluku Kahongya, dimanche 9 juin 2024, une nouvelle tribune intitulée « Des Terroristes ADF : Beni ensanglanté depuis 1986, le clou enfoncé depuis octobre 2014 ». Dans cette réflexion, il explique la genèse du phénomène ADF et le complot qui est à la base des massacres des civils par ce groupe terroriste dans la région de Beni, en province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).
L’ancien Gouverneur du Nord-Kivu révèle que les origines des ADF (Allied Democratic Forces) se situe dans l'instabilité de l'Ouganda, considéré dans la région comme unique pays à avoir connu une dizaine de Chefs d'Etat qui se sont succédés depuis l'indépendance. Il cite nommément Édouard Muteesa (1963-1966), Milton Obote (1966-1971), Idi Amin Dada (1971-1979), Yusufu Lule (D'avril à juin 1979, soit 2 mois), Godfrey Binaisa (1979-1980, 11mois), Paulo Muwabga (du 12 au 22 mai 1980, 10 jours), Milton Obote (1980-1985), Bazilio Olara Okello (du 27 au 29 juillet 1985, soit 2 jours), Tito Lutwa Okelo (29 juillet 1985-26 janvier 1986, soit 6 mois) et Yoweri Kaguta Museveni (1986 à nos jours, 38ème année).
Quid des Terroristes ADF ?
A l'origine, Julien Paluku parle des opposants au régime du Président Museveni qui se sont appelés plus tard ADF (Allied Democratic Forces ou ADF-NALU). Ces derniers traqués en Ouganda, se réfugient du côté Congolais dans le massif de Ruwenzori et créent formellement leur mouvement en 1995.
« Les accointances entre ADF et les Forces Armées Zairoises sous Mobutu justifient en partie la jonction des armées Ougandaise et Rwandaise aux côtés de l'AFDL (Alliances des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo). Le Rwanda se dit traquer les Interahamwe (qui deviendront plus tard FDLR) et l'Ouganda, les ADF-NALU. Mais les 2 armées arrivent à Kinshasa en mai 1997 où ni FDLR ni ADF ne sont localisés », écrit l’expert en management des conflits armés dans la région des Grands-Lacs.
Le complot est grand
Pour ce chercheur en sciences sociales, politique et administrative, peut-être, l'élite Congolaise ne s'en rend toujours pas compte ou si elle en est informée, elle est dans autre chose que de se préparer pour bâtir la paix, référence faite à l'adage « qui veut la paix, prépare la guerre ».
Et comme si cela ne suffisait pas, souligne-t-il, des massacres à grande échelle sont opérés dans les territoire et ville de Beni avec un bilan très lourd depuis 2014.
« Le dernier en date est le massacre perpétré dans le secteur de Beni-Mbau ces 7 et 8 juin 2024. Et depuis lors, on dénombre des dizaines de milliers de morts, des véhicules incendiés, toute une économie mise à terre dans une région où le café et aujourd'hui le cacao constituent le socle de l'économie de la région », déplore-t-il.
À lui de poursuivre que paupérisée et affligée, la population ne sait plus à quel saint se vouer. Elle a l'impression, à tort ou à raison, d'être abandonnée à son triste sort devant une machine dévastatrice de l'ennemi, martèle-t-il, tout en fustigeant le retard de l’autorité de l’Etat à ramener la paix bien que le triangle de la mort soit connu. La question reste posée : A qui profite le crime ?
L’ancien Gouverneur du Nord-Kivu invite le nouveau gouvernement de la RDC à s'appuyer sur les travaux des chercheurs pour sortir le pays de cette cruauté. Il appelle la population de la région de Beni à la résistance en attendant la solution définitive.
Les ADF sont l’un des groupes armés qui tuent les populations civiles en provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri depuis 2014. La situation s’est aggravée au début du premier quinquennat du Président Félix Tshisekedi qui, avec son homologue Ougandais Yuweri Museveni, a conclu un accord de mutualisation de forces entre les armées de ces deux pays. Objectif combattre conjointement les ADF.
Martin Leku