
Selon le dernier rapport d'OCHA qui décrie la situation sécuritaire et humanitaire au Sud-Kivu, la situation à Bukavu reste marquée par une recrudescence de l’insécurité et des incidents de pillage et de vols perpétrés par des hommes armés non identifiés. Le 27 février, un engin explosif a tué au moins 13 civils et blessé 65 personnes lors d’un rassemblement organisé par les autorités de facto. Des bouclages sécuritaires observés dans la ville de Bukavu ont alimenté une psychose dans plusieurs quartiers.
Le 28 février, 13 corps atteints par balles ont été découverts dans les communes de Bagira et Ibanda. Par ailleurs, des engins explosifs non désamorcés ont été identifiés autour de la poste et de la banque centrale dans le quartier Ndendere de la commune Ibanda.
En dépit de la volatilité relative du contexte, les acteurs humanitaires ont progressivement repris leurs activités. Une mission inter-organisation d’évaluation des besoins a été organisée du 28 février au 1er mars dans les communes de Bagira, Kadutu et Ibanda.
Les résultats préliminaires indiquent qu’environ 87 766 personnes déplacées (12 538 ménages) sont présentes dans la ville de Bukavu. Une forte concentration de déplacés se trouve dans la commune d'Ibanda, principalement dans le quartier Panzi, qui accueille des personnes originaires de Kalehe, Goma, Nyangezi, Mudusa, Katana, Sange, ainsi que des camps de Panzi, Saio, Nyatende, Mumosho, Kavumu et Kamanyola. Les besoins prioritaires de ces déplacés sont la nourriture, l'eau, l'hygiène et l'assainissement, la santé et la protection.
Par ailleurs en Territoire d’Uvira, entre le 22 et le 27 février, des affrontements entre l’armée Congolaise et des groupes armés dans le territoire d’Uvira, notamment à Sange Luvungi et Katoga, ont occasionné le déplacement de plus de 126 000 personnes. La majorité a trouvé asile dans des écoles, des églises et sur des terrains de Football, principalement dans la zone de santé de Lemera.
L’accès humanitaire reste sévèrement contraint en raison de la forte présence militaire dans la zone et des combats en cours, rendant impossible toute évaluation ou intervention humanitaire. Par ailleurs, le 26 février, des tirs d’armes et des explosions entendus au sein de l’Hôpital général d’Uvira ont provoqué la fuite des patients et du personnel soignant.
Territoire de Kalehe
Entre le 23 et le 28 fevrier, la situation sécuritaire est restée calme dans la partie littorale ainsi que dans les Moyens Plateaux et les Hauts Plateaux de Kalehe, favorisant le déroulement des activités économiques et humanitaires. À Minova, les activités socio-économiques ont repris malgré une pénurie de liquide en francs Congolais et dollars Américains. Cependant, 2 800 déplacés du site de Mubimbi (près de Minova) ont reçu un ultimatum pour quitter les lieux au 1er mars.
En outre, l’ONG RHA a alerté sur la présence d’engins explosifs dans plusieurs localités à Minova et le long de l’axe Sake-Kalehe.
La situation sécuritaire continue de se détériorer sur l’axe routier Miti-Bunyakiri à l’Ouest du territoire de Kalehe, après des affrontements entre le M23 et des groupes armés le 27 février, autour de la localité de Chivanga, à l’entrée du Parc de Kahuzi-Biega.
La situation reste tendue dans les territoires de Fizi et de Mwenga. Entre le 21 et le 23 fevrier, près de 11 000 personnes déplacées sont arrivées dans les villages de Kalingi et Kitavi dans la zone de santé de Minembwe, et 4 000 dans les villages Kitasha et Point Zéro dans la zone de santé d’Itombwe.
Ces personnes ont fui les affrontements entre l’armée Congolaise et des groupes armés dans plusieurs villages du groupement de Basimunyaka-Sud dans le territoire de Fizi et du groupement de Basimukindje 1er, dans le territoire de Mwenga. Ces personnes vivent dans des familles d’accueil avec un niveau élevé de vulnérabilité, exacerbée par des besoins multisectoriels, notamment en nourriture, les articles ménagers essentiels, les soins médicaux.
Le 25 février, des acteurs armés ont attaqué deux ambulances dans le village de Kachemba, situé dans le territoire de Fizi, faisant 15 morts et 18 blessés. Les autorités locales de Fizi ont également signalé l’occupation de quatre écoles par des acteurs armés dans le village de Mukera depuis le 26 février. Une centaine de femmes auraient été violées par des hommes armés à Mukera, Mulima et Mikenge, dans la zone de santé de Fizi, entre le 24 et le 25 février 2025.
En territoire de Kabare, environ 2 500 personnes déplacées vivent dans des conditions extrêmement précaires au sein de l’aire de santé de Kadjucu (zone de santé de Katana). La plupart ont fui entre janvier et février 2025, lors des affrontements entre les Forces Armées de la RDC (FARDC) et le groupe armé M23 de Goma, Sake, Kirotshe, Shasha, Minova, Kinyezire, Nyabibwe, Kalehe-centre. Des partenaires humanitaires ont planifié une évaluation approfondie des besoins du 6 au 16 mars pour adapter l’aide aux priorités identifiées.
Par David A.