
La ville de Goma, autrefois vibrante au rythme des karaokés endiablés, des mini-concerts improvisés et des promotions animées de Bralima, vit une transformation silencieuse depuis janvier 2025. La prise de la ville a jeté une ombre sur la vie nocturne et les traditions festives qui animaient ses week-ends. Un vent de prudence a balayé les rues, laissant derrière lui un écho lointain des rires et des mélodies d'antan.
Le départ de nombreux chefs d'orchestre de karaokés, préférant chercher refuge dans la ville de Beni et dans d'autres coins du pays, a laissé un vide musical difficile à combler dans la ville de Goma. Les quelques nouveaux venus, dont les visages restent encore inconnus des mélomanes locaux, peinent à raviver la flamme des soirées d'antan. L'ambiance n'est plus la même, et le cœur de la fête semble s'être déplacé avec ceux qui la faisaient battre.
L'emblématique "Avenue de la Bière", située le long de l'axe menant à l'entrée présidentielle-musée, autrefois un lieu de convergence animé où les conversations se mêlaient au cliquetis des bouteilles, est désormais progressivement désertée. La peur, palpable dans l'air, pousse les habitants à regagner leurs foyers bien avant la tombée de la nuit.
Selon un constat fait par CONGORASSURE.CD, la sécurité est devenue la priorité, éclipsant le désir de se détendre pour plusieurs habitants. Cette atmosphère pesante a des répercussions directes sur l'économie locale. Plusieurs débits de boissons, autrefois florissants, ont dû fermer leurs portes, victimes du manque de clients. Les chaises restent vides, les comptoirs immaculés, témoins silencieux d'une époque révolue où les verres se vidaient au son de la musique et des éclats de rire.

Pourtant, au centre ville, quelques îlots de résistance persistent. Les grands bars et boîtes de nuit, noms bien connus tels que Saloon, Chez Temba, Les Volcans, Tango, Pilipili, barbecue, la liga ou encore Rivonia, continuent d'accueillir une poignée d'irréductibles amoureux de l'ambiance. Ces lieux, véritables bastions de la vie nocturne, offrent un refuge à ceux qui refusent de laisser la peur éteindre complètement l'esprit festif de Goma. On y retrouve, malgré tout, quelques notes de musique, quelques conversations animées, comme une braise qui lutte pour ne pas s'éteindre sous le poids de l'incertitude.
Le contraste est quand-même saisissant, d'un côté, des rues désertées et des établissements fermés, symboles d'une ville en insécurité ; de l'autre, quelques lieux vibrants, témoignages de la résilience de ceux qui chérissent encore les moments de convivialité.
Plusieurs mélomanes abordés par CONGORASSURE.CD ont indiqué que la joie et l'effervescence des week-ends ont cédé la place à une prudence palpable à Goma suite au contexte actuel. Selon eux , si les karaokés et les actions Bralima se font rares, laissant un vide dans le paysage social de Goma, c'est effectivement parce que plus rien n'est comme avant.
Daudi Amin