
Depuis la prise de la ville de Goma par le M23-AFC, une réalité économique difficile s'est installée, touchant jusqu'aux églises locales avec une baisse significative des offrandes et des dîmes qui met à rude épreuve leur fonctionnement quotidien.
Les raisons de cette diminution sont multiples et interconnectées. La conjoncture économique actuelle a naturellement impacté la capacité des fidèles à contribuer financièrement à leurs lieux de culte. La fermeture des banques, conséquence directe de cette guerre, a compliqué davantage les transactions et la gestion des fonds pour les églises. À cela s'ajoute le départ de certains partenaires financiers qui soutenaient régulièrement ces églises, laissant un vide béant dans leurs budgets.
Par voie de conséquence, de nombreuses églises, encore locataires de leurs locaux, se retrouvent en difficulté pour honorer leurs loyers auprès des bailleurs. La menace d'expulsion plane, même celles qui ont réussi à acquérir des parcelles sont confrontées à des défis pour assurer leur fonctionnement de base, qu'il s'agisse de l'entretien des bâtiments, de la rémunération des pasteurs ou encore de l'organisation régulière de cultes.
"Avant, les dimanches étaient des jours de bénédiction abondante," confie Pasteur Jean-Pierre, responsable d'une église pentecôtiste du quartier Katindo.
"Les fidèles venaient avec le cœur joyeux et les mains généreuses. Aujourd'hui, je vois la tristesse dans leurs yeux. Beaucoup ont perdu leur emploi, leurs commerces sont au point mort. Comment leur demander l'impossible ?", s'interroge t-il.
Son témoignage poignant reflète la détresse partagée par de nombreux leaders religieux de la ville.
Sœur Marie, responsable d'une paroisse catholique du centre-ville, partage cette inquiétude.
"Nous avions des projets pour aider les plus démunis. Mais avec la baisse des offrandes, nos actions sont limitées. Nous devons choisir entre payer le loyer et nourrir ceux qui ont tout perdu. C'est un crève-cœur", dit-elle.
Un ancien de l'église, Monsieur Thomas, témoigne également de la difficulté pour les fidèles.
"Avec tout ce qui se passe, la priorité est de nourrir ma famille. Ce n'est pas par manque de foi, mais la survie est devenue une lutte quotidienne. J'espère que les choses vont s'améliorer pour que nous puissions à nouveau soutenir notre église comme avant", explique t-il avec regret.
Face à cette situation délicate, les églises de Goma font preuve de résilience et d'ingéniosité. Certaines organisent des collectes de vivres et de biens de première nécessité pour soutenir à la fois leurs membres en difficulté et leurs propres besoins. D'autres misent sur la solidarité interne et l'entraide communautaire pour surmonter cette période sombre.
Daudi Amin