
Ce samedi 3 mai 2025, le monde célèbre la Journée mondiale de la liberté de la presse. L’édition 2025 résonne avec une gravité particulière pour la République Démocratique du Congo.
Dans l’Est du pays, journalistes et professionnels des médias sont devenus les cibles directes d’un climat d’oppression inédit, orchestré par les groupes armés qui sévissent dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Enlèvements, disparitions et exils forcés : la presse paie un lourd tribut
Depuis l’intensification du conflit en janvier 2025, avec la prise de Goma puis de Bukavu par les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, plusieurs journalistes ont été contraints de fuir leurs villes, parfois avec leurs familles, sous la menace directe de représailles, d’enlèvements ou d’endoctrinement. Dans son rapport, l’organisation non gouvernementale “Journaliste En Danger” (JED) liste ainsi plus de 50 journalistes qui ont pris la route de l’exode.
La même structure note que dans les zones passées sous contrôle rebelle, les journalistes vivent dans la peur constante d’être arrêtés, enrôlés de force ou exécutés. Certains sont séquestrés dans des camps de formation idéologique, d’autres ont simplement disparu sans laisser de trace.
Au-delà des violences physiques, la stratégie des groupes rebelles vise à éteindre toute voix indépendante. Les médias locaux sont fermés, vandalisés ou forcés de diffuser une propagande dictée par les rebelles du M23, sous peine de représailles.
En effet, JED indique qu’une réunion tenue en février dans la ville de Bukavu a officialisé cette mise sous tutelle médiatique. Les nouveaux maîtres du fief de la province du Sud-Kivu ont imposé plusieurs règles strictes aux journalistes, notamment l’interdiction de critiquer le M23, le bannissement de toute information provenant des zones loyalistes ainsi que l’obligation de relayer les communiqués du mouvement rebelle.
Journalistes en danger (JED) dénonce un climat de terreur
L’organisation Journaliste en danger (JED) alerte sur la disparition progressive de la presse libre dans les territoires occupés. Elle condamne fermement l’enrôlement forcé de journalistes dans des milices, une pratique qui viole les droits humains fondamentaux et consacre la mort du journalisme professionnel dans ces régions.
Un appel à l’action internationale
À l’heure où des échanges entre la RDC et le Rwanda se préparent, JED appelle la communauté internationale et les médiateurs, en particulier les États-Unis, à inclure la question de la liberté de la presse et la sécurité des journalistes dans les négociations.
La Rédaction