
RDC : Paul Kagame a dit…Ils ont répliqué!
Par Christina Mk –Congorassure
Il fallait s’y attendre! Les propos tenus par le Président du Rwanda Paul Kagame sur les antennes de la Radio France Internationale n’ont pas plu aux congolais. Loin de là. Depuis sa sortie jugée “arrogante” et “insultante” par la majeure partie de la population congolaise, on assiste à une succession des répliques, allant des répliques cinglantes à modérées. Mais tout compte fait, réactions chaudes ou tempérées, les propos de Sieur Kagame ont engendré une salve des messages d’indignation ainsi que des diverses réactions.
Dans son interview accordée à la chaîne France24 et à la Radio France Internationale, Paul Kagame a, dans la foulée, nié les crimes commis par des armées étrangères,notamment l’armée de son pays, il y a plus de deux décennies en République Démocratique du Congo. Par la même occasion, M. Kagame a rejeté toutes les conclusions reprises dans le Rapport Mapping des Nations-Unies. Le Président Rwandais les a qualifiées de »controversées » et a insisté au grand dam des congolais, “qu’il n’y a pas eu de crime. Absolument pas.”
Jusqu’à présent, ni le gouvernement et encore moins, la présidence de la RDC n’ont réagi face aux dires du Président du pays de milles collines. À se demander s’ils vont encore une fois passer sous silence les propos tenus par M. Kagame lors de sa sortie médiatique sur les deux chaînes françaises. Néanmoins, les proches du Président Félix Tshisekedi tentent de calmer le jeu et assurent : “ Des éléments sont entrain d’être mis en place pour poursuivre les enquêtes du rapport Mapping».
Congorassure.com a listé quelques réactions des personnalités publiques et politiques aux propos de M. Kagame qui ont retenu l’attention :
Jean-Marc Kabund, Vice-président de l’assemblée Nationale de la RDC et président de l’UDPS :”La posture négationniste du Président Rwandais face aux crimes commis en RDC est une attitude d’un accusé plaidant non coupable. L’essentiel pour nous, c’est l’institution sur base du rapport mapping d’un TPI-RDC afin que les auteurs qui qu’ils soient et où qu’ils se trouvent répondent.”
Martin Fayulu, ténor de Lamuka aile radicale et président national de l’Ecidé : “Les Congolais se font narguer du fait de l’absence d’un leadership légitime, responsable, fort et de caractère à la tête du pays. Nous n’accepterons pas les propos négationnistes de qui que ce soit sur les crimes commis en RDC. Soutien total à Denis Mukwege et au Rapport Mapping »
Delly Sesanga, député national et président de l’Envol : “La politique de bon voisinage ne peut oblitérer la mémoire, source de l’histoire et fondement de la paix et la stabilité à venir. Dans les Grands Lacs, on ne fera pas l’economie de la vérité des faits et des tragédies qui ont émaillé nos relations avec nos voisins, dont le Rwanda. Ce que le président Paul Kagame refuse d’admettre pour son peuple, au nom de la dignité humaine, il ne peut le soutenir sur la RD Congo au nom d’un culte de l’oubli. Évoquer la mémoire, c’est conjurer le sort des tragédies passées pour l’avenir. Inviter à l’oubli, c’est les perpétuer.”
Juvenal Munubo, député national et rapporteur de la commission défense et sécurité à l’assemblée nationale : “La prise de position de Kagame n’est ni plus ni moins que du négationnisme des crimes commis en RDC. Paul Kagame n’était jamais allé si loin dans sa façon de narguer les Congolais.”
Serge Kadima, président national de la Ligue des jeunes du PPRD : “Le frère n’a pas hésité de s’attaquer cyniquement à la RDC et à son prix Nobel, niant l’existence des crimes commis dans l’Est et se moquant au passage de l’état de siège. Ce n’est ni plus ni moins un affront. Notre gouvernement ne peut rester inerte face à ce mépris »
Jacquemain Shabani, président de la Commission Électorale Permanente de l’UDPS : “Les morts ne sont morts que lorsque les vivants les oublient. Les victimes d’un massacre, d’ génocide sont une fois de plus massacrées lorsqu’on nie cette évidence. Cette injure à nos morts de la part de Paul Kagame doit trouver réparation.”
Jean-Claude Katende, défenseur des droits humains et président de l’Asadho : «Les députés nationaux doivent prendre leur courage pour interpeller le ministre des affaires étrangères en rapport avec les propos de Paul Kagame contre le génocide des congolais, la sécurité du pays et contre Mukwege. Tout le monde ne doit pas se taire quand même »
Julienne Lusenge, présidente de la SOFEPADI et du Fonds pour les femmes congolaises : “Je pense à ce que Paul Kagame et tous les Rwandais peuvent ressentir lorsqu’on essaye de nier le génocide de Kigali. C’est ce même sentiment que les Congolais ont eu à l’égard des propos tenus par Kagame. Il ne peut pas continuer à cracher sur les os des cadavres congolais qui l’ont enrichi, qui ont enrichi le Rwanda. En tant qu’être humain, il faut à un moment arrêter de se moquer des morts. Les Rwandais veulent à ce que les meurtres commis à Kigali en 1994 soient reconnus. Les Congolais ont le plein droit de réclamer la même chose. Ses propos sont un mépris total de l’être humain.”
Le mouvement de lutte pour le changement (Lucha) : “ Les propos insultants et dénigrants de M. Kagame viennent souiller la mémoire des milliers de victimes congolaises ».