
Écoles, routes, santé, armée… Et si ces 100 millions investis dans les clubs de football étrangers étaient plutôt utilisés pour changer la vie du peuple congolais ?
Il y a des décisions qui, derrière les discours bien rodés sur le prestige et la visibilité internationale, révèlent une fracture brutale entre le pouvoir et les réalités du peuple.
L’annonce récente du gouvernement centrale, celle de dépenser plus de 100 millions d’euros, dont 44 millions rien que pour le FC Barcelone, dans des contrats de sponsoring avec des clubs de football européens illustre tragiquement cette déconnexion.
Une vitrine pour le pays… à quel prix ?
Oui, il faut améliorer l’image du Congo à l’international. Oui, il est crucial d’attirer les investisseurs, de promouvoir le tourisme, de montrer que la Nation est plus que ses conflits. Mais le faire en signant des chèques à des géants du football européen, c’est ignorer que l’urgence est sur place. Est-ce que coller “RDC, cœur de l’Afrique” sur un maillot d’entraînement en Espagne va vraiment changer le quotidien de nos concitoyens ? Est-ce que cela répare une route, soigne un malade, donne un avenir à un enfant ?
Ce que 100 millions d’euros auraient pu changer
Avec cette somme colossale l’équivalent de 130 millions de dollars, le pays aurait pu faire bien plus que du marketing. Asphalter plus de 100 km de routes, reliant des zones enclavées et dynamisant les économies locales. Construire ou réhabiliter plus de 1 000 écoles, permettant à des milliers d’enfants d’apprendre dans des conditions dignes.Équiper des centaines de centres de santé, pour que les mères n’accouchent plus sur des nattes, sans électricité, sans assistance. Étendre l’accès à l’eau potable, pour des millions de foyers qui dépendent encore de sources contaminées. Améliorer la desserte en électricité, levier essentiel pour le développement économique et social. Soutenir nos forces armées, engagées dans une guerre éprouvante contre le M23, alors que nos soldats manquent de moyens, de soins, de reconnaissance.
L’indécence d’un choix
Dans un pays où plus de 25 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, où les déplacés internes s’entassent dans des camps de fortune, ce type de dépense n’est pas seulement un mauvais calcul : c’est une gifle à la souffrance du peuple. Comment justifier de payer des clubs européens pendant que les enfants étudient à même le sol, que les hôpitaux ferment par manque de moyens, et que les soldats tombent faute d’équipement adéquat ?
L’image ne peut pas remplacer la justice sociale
Le “nation branding” ne nourrit pas une famille. Il ne soigne pas un blessé. Il ne sécurise pas une frontière. La véritable image du Congo se construira dans les actes, pas sur un écran de télévision lors d’un match de Ligue des champions. Ce sont nos routes, nos écoles, notre paix retrouvée qui parleront pour nous, pas un logo sur une manche de survêtement.
Un changement de cap s’impose
Chaque franc dépensé à l’étranger dans ce contexte est un franc arraché à la dignité de notre peuple. Il est encore temps d’avoir le courage de revoir les priorités. La RDC n’a pas besoin de se vendre pour briller. Elle a besoin de se reconstruire pour rayonner.
Car le vrai “cœur de l’Afrique” ne bat pas sur les pelouses européennes. Il bat ici, en RDC, dans les villages oubliés, les écoles délabrées, les hôpitaux sous-équipés, et dans les tranchées du Nord-Kivu. C’est là qu’il faut investir. C’est là qu’il faut croire.