À l’approche de la Pré-COP30, le Cadre de Concertation de la Société Civile/Réseau Naturelles (CdC/RN) tire la sonnette d’alarme sur les menaces environnementales et sociales que pourrait entraîner l’exploitation pétrolière dans le Graben Albertin, une zone riche en biodiversité et en ressources naturelles, mais d’une extrême fragilité écologique.
À travers un guide de sensibilisation intitulé « Protégeons notre avenir dans le Graben Albertin, nos vies valent plus que vos blocs », publié le mardi 28 octobre 2025 à Bunia, le CdC/RN appelle les autorités Congolaises, les entreprises pétrolières et la communauté internationale à adopter une approche prudente, transparente et respectueuse de l’environnement.
Un écosystème vital menacé
Le Graben Albertin, situé dans l’Est de la République Démocratique du Congo, s’étend le long du lac Albert, à la frontière avec l’Ouganda. Cette zone constitue un maillon essentiel du Rift Albertin, l’un des écosystèmes les plus riches d’Afrique, abritant des forêts tropicales, une faune variée et des ressources halieutiques vitales pour des milliers de familles.
Mais cette richesse attire également les convoitises. Plusieurs blocs pétroliers ont été attribués dans la région, suscitant l’inquiétude des acteurs locaux.
« Notre environnement, c’est notre vie. Une pollution du lac ou des sols serait un désastre irréversible pour l’Ituri et pour toute la région des Grands-Lacs », avertit Dieudonné Kasonia, secrétaire permanent du CdC/RN.
Selon lui, les bénéfices économiques potentiels de l’exploitation pétrolière ne doivent pas faire oublier les coûts écologiques et humains qu’une gestion irresponsable pourrait engendrer destruction des habitats naturels, contamination des eaux, déplacements forcés et conflits communautaires.
Un risque à portée régionale et internationale
Les organisations environnementales soulignent que toute pollution dans le Graben Albertin aurait des conséquences transfrontalières :
- Le lac Albert, partagé entre la RDC et l’Ouganda, alimente des millions de personnes en eau et en poissons ;
- Les zones humides et les forêts riveraines participent à la régulation du climat et au stockage du carbone ;
- La région est classée comme une priorité mondiale pour la biodiversité par le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE).
Ces risques s’opposent directement aux engagements climatiques pris par la RDC dans le cadre de l’Accord de Paris et du Fonds vert pour le climat.
Le CdC/RN appelle le gouvernement Congolais à garantir le consentement libre, préalable et éclairé des populations locales avant toute opération pétrolière.
L’organisation plaide également pour :
- La publication des contrats conclus avec les compagnies pétrolières ;
- La réalisation d’études d’impact ; environnemental indépendantes
- Et l’implication des communautés locales et autochtones dans la gouvernance des ressources naturelles.
« Le véritable développement, c’est celui qui apporte des écoles, des hôpitaux et des emplois durables, sans détruire les richesses naturelles qui nous font vivre depuis des générations », souligne le guide du CdC/RN.
Promouvoir des alternatives vertes
Plutôt que de s’engager dans une exploitation à haut risque, le CdC/RN encourage le pays à miser sur un modèle de développement durable basé sur :
- L’agroécologie et l’agriculture familiale ;
- Le tourisme écologique autour du lac Albert ;
- Et le déploiement des énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien.
Ces filières, souligne le document, pourraient générer des emplois stables et des revenus équitables tout en préservant l’environnement.
Un message à la veille de la Pré-COP30
À l’heure où le monde se prépare à la Pré-COP30, le CdC/RN et dautres partenaires veulent faire entendre leur voix. Pour le CdC/RN, la RDC a l’opportunité de montrer qu’un développement responsable et inclusif est possible, conciliant les besoins économiques avec la protection du climat et de la biodiversité.
« La paix en République Démocratique du Congo, c’est la stabilité de l’Afrique entière », rappelle le document, insistant sur la responsabilité collective face aux enjeux environnementaux planétaires.
L’alerte du CdC/RN dépasse le cadre national elle s’adresse à une audience soucieuse de justice climatique et de préservation des écosystèmes vitaux. En Ituri, où la nature nourrit encore les familles, le message est clair, « Nos vies valent plus que vos blocs».
Joël Heri Budjo