
Nyiragongo : Plus des coulées des laves! Mais attention, le refroidissement peut prendre plus longtemps qu’on ne le pense
Par Miki Sikabwe –Congorassure/Nord-Kivu
Les randonneurs et les curieux se sont rendus dès le lendemain de l’éruption dans plusieurs zones touchées par les coulées des laves descendues des flancs d’un des volcans dangereux du Monde, le Nyiragongo. C’est peu de dire que l’éruption soudaine survenue le samedi 22 mai 2021 a prit de court toute la RDC.
Ils ont pu observer de près des fumerolles montant du sol, accentuées par le climat frais et humide de cette partie du Nord-Kivu. La chaleur emmagasinée dans le sous-sol qui fait filtré de la vapeur, créant une sorte de brouillard, rend la scène encore toute aussi plus curieuse et que dangereuse. Tous ont aussi fait face à de fortes émanations nocives qui se dégagent des laves rocheuses
Les personnes qui se sont déplacées jusqu’à ces endroits, ont voulu immortaliser ce moment exceptionnel de plusieurs façons. Plusieurs images ont été partagées sur les réseaux sociaux par celles-ci, mais malheureusement, tous ne seraient pas revenus de cette « aventure ». Mais savaient-elles toutes les dangers qu’elles côtoyaient ?
Des images atroces des corps sans vie
Depuis le matin de ce lundi 24 mai, il n’arrête pas de circuler sur la toile des images choquantes des personnes mortes allongées sur la lave, la peau brûlée,le visage défiguré. Chose qui surprend plus d’un et qui crée encore plus de psychose dans le chef de la population. Comment ces personnes se sont-elles retrouvées sur ces laves encore chaudes et brûlantes par endroit? personne ne le sait!
Certains prétendents que c’est par le désir de paraître sur les réseaux sociaux que les victimes auraient voulu faire des photos à ces endroits précis. D’autres avancent l’hypothèse selon laquelle les victimes seraient des rescapés, qui, en voulant retourner chez eux, n’ont malheureusement pas eu la chance de s’en sortir indemnes.
GOMA a connu deux éruptions volcanique en moins de vingt ans, celui de 2002 et celui du samedi passé (2021). Mais un élément reste quasi constant, toute la population ne comprend pas pour autant c’est que c’est le volcan, et que sont les dangers qu’elle encourt en le côtoyant.
Que doit-on savoir?
Cette énième éruption du Nyiragongo a fini par éveillé la curiosité de certaines personnes. Pour comprendre le degré de l’intérêt qui renaît autour de la question, Congorassure a fait une mini descente après la désastreuse éruption du Nyiragongo.
Congorassure a croisé un habitant qui n’a su contenir son étonnement en lançant de vive voix : « comment ce volcan a t-il été capable de transporter toutes ces pierres jusqu’ici? Ça ne peut être que des démons », à la vue des nombreuses grosses pierres.
Il est clair que cet habitant ignore complètement que ces pierres sont le résultat du refroidissement d’un magma arrivé en surface.
La population a encore beaucoup à apprendre. Il est important que les autorités activent un plan de communication autour de la question et fassent comprendre à la population que ce n’est pas l’éruption du volcan qui est seulement dangereuse. Il existe aussi d’autres dangers durant la période précédant l’éruption et celle qui suit.
Parmi ces dangers, il y a des séismes pouvant provoquer des glissements de terrain. Il y a aussi la présence de grande quantité de gaz issus de la croûte terrestre et émis dans l’atmosphère, en permanence par diffusion à travers les édifices volcaniques et surtout, les laves qui ne se refroidissent pas vite.
Alors que faire?
Une fois l’éruption terminée, pendant que les populations évacuées retournent chez elles, et reprennent progressivement leurs activités habituelles, tout le monde est appelé à privilégier la prudence.
Sur ce, il est conseillé de :
- Ne pas s’approcher de la zone touchée puisque respirer de l’air contenant plus de 3% de CO2 peut rapidement entraîner des maux de tête, des étourdissements, une augmentation du rythme cardiaque et des difficultés respiratoires. Et une fois le mélange dépasse environ 15%, le dioxyde de carbone provoque rapidement une perte de conscience et une mort peut s’en suivre. Ce qui expliquerait les corps retrouvés dans la matinée.
- Gardez les enfants à la maison et de ne pas les laisser s’éloigner ou jouer sur n’importe quelle « pierre »
- Sortir des bâtiments et ne pas se mettre sous ou à côté des fils électriques et si vous êtes à bord d’un véhicule, rangez-vous sur le côté de la route dans un endroit dégagé (Quand il y a séisme)
- Continuer de faire preuve de prudence et suivre les consignes des autorités locales.
Que retenir ?
Les physiciens ont toujours été d’accord sur un point, « La conductibilité thermique des laves est généralement très mauvaise ».
À defaut des données locales, congorassure a dû se référer chez USGS (United States geological survey). Et Il est dit qu’il faudra plus de 130 jours pour qu’un écoulement d’un épaisseur d’environ 4,5 m ou 15 pi se refroidisse.
Jacques Defernes, ancien conservateur du département de minéralogie et pétrographie du Musée de Genève et qui a vécu plusieurs années en RDC, alors Zaïre à l’époque, explique à son tour que tout dépend de l’épaisseur de la coulée. « En profondeur, le magma ne se refroidit que lentement. Par exemple, un magma granitique dont l’ascension a cessé et qui reste enfoui à 5 km de profondeur, met des millions d’années pour se refroidir. Dans le cas contraire, une coulée de lave se refroidira assez vite en surface et déjà au bout de quelques mois on peut marcher dessus. Mais à quelques mètres de profondeur, le refroidissement se fait lentement et on peut trouver une température de plus de 100° après un siècle ! Cela dépend de l’épaisseur de la coulée. Plus elle est épaisse, plus elle se refroidit lentement. » explique-t-il.
En considérant toutes ces informations, il est clair que certaines coulées ne vont pas se refroidir réellement de si tôt dans les environs de Goma. Donc prudence!
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