
En République Démocratique du Congo, le train de vie des institutions politiques suscite de vives préoccupations au sein de la société civile. Alors que les défis socio-économiques persistent dans les secteurs de la santé, de l’éducation ou des infrastructures, les dépenses publiques liées au fonctionnement des organes de l’État continuent de croître de manière significative.
Le Cadre de Concertation de la société civile sur les Ressources Naturelles (CdC/RN) alerte sur ce qu’il qualifie de « déséquilibre profond dans les priorités budgétaires nationales ». Selon Dieudonné Kasonia, son secrétaire permanent, le budget annuel alloué à la Présidence Congolaise dépasserait les 500 millions de dollars américains, soit plus de cinq fois le budget de l’Élysée en France, estimé à environ 115 millions USD.
« Ce niveau de dépenses contraste fortement avec les conditions de vie d’une majorité de la population, encore privée d’accès aux services de base », déclare-t-il. Le CdC/RN évoque également des dépassements budgétaires récurrents atteignant parfois plus de 200 %, concentrés essentiellement sur les institutions politiques, au détriment des secteurs sociaux.
L’organisation s’indigne également des écarts de rémunération dans la sphère publique. À titre d’exemple, le salaire d’un député Congolais serait équivalent à celui de trois députés Burundais, ou encore suffisant pour couvrir la rémunération mensuelle de plus de cent enseignants Congolais, selon les données compilées par le CdC/RN.
Pour cette structure de la société civile, il est urgent d’ouvrir un débat national sur la gestion des finances publiques.
« Nous devons réfléchir sérieusement à la manière dont les ressources du pays sont allouées. La priorité devrait aller au développement humain et non à l’entretien d’un appareil politique coûteux », plaide Kasonia.
Dans un pays riche en ressources naturelles mais confronté à des inégalités structurelles, cette dénonciation relance les interrogations sur la gouvernance budgétaire et la volonté politique de placer les besoins des citoyens au centre de l’action publique.
Joël Heri Budjo