
Certains ne s’y attendaient pas. Après une tension diplomatique qui s’était articulée autour de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, les présidents rwandais Paul Kagame et sud-africain Cyril Ramaphosa ont lancé un message fort en faveur d’une « appropriation africaine » des mécanismes de paix.
Les deux présidents sont notamment revenus sur l’épineuse question de la crise sécuritaire persistante dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Contre toute entente, il se sont alignés sur la même vision à l’occasion d’un panel de haut niveau qui s’est tenu le week-end dernier à Abidjan, en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’Africa CEO Forum.
Les deux chefs d’État, dont les positions sur le conflit en RDC ont récemment provoqué des tensions diplomatiques, ont semblé vouloir apaiser le ton, affichant une volonté commune de privilégier des solutions africaines, tout en reconnaissant l’apport nécessaire de partenaires extérieurs comme le Qatar et les États-Unis.
S’exprimant sur l’intégration continentale et la gestion des conflits, Paul Kagame a souligné la diversité des initiatives internationales en cours, mais a appelé à une introspection africaine. « On ne peut pas dire que nous avons réussi. Tout le monde essaie. Encore une fois, cela revient à nous, vraiment. »
Le président rwandais a par ailleurs salué les progrès réalisés par l’Union africaine, notamment dans la mise en place de mécanismes de prévention des conflits et de sécurité, tout en insistant sur la nécessité de réduire la dépendance financière vis-à-vis de l’extérieur. « Même si nous sommes capables de faire les choses nous-mêmes, nous devons encore faire appel à des partenaires », a-t-il reconnu.
Ramaphosa : “Tout doit être endossé par nous, Africains”
Cyril Ramaphosa a également abondé dans le même sens, affirmant que l’Afrique devait être l’actrice principale de ses processus de paix. « Quelle que soit la contribution d’acteurs non africains, en fin de compte, tout doit être endossé, signé et approprié par nous, Africains », a-t-il martelé, insistant pour que toute collaboration s’inscrive dans un cadre « fondamentalement africain ».
Dans un trait d’humour, le président sud-africain a même désamorcé les spéculations autour d’un éventuel affrontement verbal :
« Certains d’entre vous ont peut-être cru qu’il y aurait des étincelles alors que nous sommes assis l’un à côté de l’autre. »
Un ton plus conciliant après les tensions
Pour rappel, Paul Kagame avait vivement critiqué l’Afrique du Sud pour ses déclarations sur l’implication supposée du Rwanda dans la mort de soldats sud-africains déployés au sein de la SAMIDRC (mission militaire de la SADC en RDC) et qui combattaient aux côtés des Forces armées RD Congolaises contre le M23.
La Rédaction