Figure controversée du paysage sécuritaire et politique congolais, Albert Kahasha Murhula, plus connu sous le nom de guerre Foka Mike, a une fois de plus surpris l’opinion. Après avoir quitté son poste de ministre provincial de l’Intérieur en janvier 2025, il a repris le maquis, affirmant vouloir "défendre la patrie les armes à la main" face à l’avancée de l’AFC/M23 dans l’est de la République démocratique du Congo.
Son parcours incarne à lui seul les complexités de la RDC post-conflit. Ancien chef de la milice Maï-Maï Mudundu 40 durant la guerre contre le RCD-Goma entre 1998 et 2003, Foka Mike avait été intégré dans les FARDC avec le grade de colonel lors du processus de brassage en 2003. Mais c’est en 2012 qu’il fait à nouveau parler de lui, rejoignant un temps les rebelles du M23. Il quitte rapidement ce mouvement, dénonçant des "profondes divergences" avec sa direction. Réhabilité par les autorités, il bénéficie d’une grâce présidentielle et retrouve les rangs de l’armée nationale.
En 2023, nouveau virage : il se lance en politique et remporte haut la main les élections législatives dans le territoire de Walungu, décrochant à la fois un siège à l’Assemblée nationale et à l’Assemblée provinciale. Cependant, dans une manœuvre stratégique, il cède ses deux sièges à ses suppléants pour devenir ministre de l’Intérieur au sein du gouvernement provincial du Sud-Kivu.
Mais la stabilité est de courte durée. Moins de deux ans après sa nomination, l’ex-rebelle devenu homme d’État retourne dans la brousse, justifiant son choix par le besoin de "protéger la souveraineté du pays face à l’agression". Une posture qui soulève autant d’interrogations que d’inquiétudes, dans une région déjà marquée par l’instabilité chronique.
Entre légitimité politique, engagement militaire et velléités insurrectionnelles, la trajectoire de Foka Mike illustre les dilemmes d’un État congolais en quête de cohésion, où les lignes entre rébellion et gouvernance demeurent souvent floues.
Diddy Mastaki