La République démocratique du Congo pourrait bientôt tourner l’une des pages les plus sombres de son histoire.
C’est ce qu’a laissé entendre le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Shabani Lukoo, le lundi 21 juillet 2025 lors d’un briefing de presse tenu dans la capitale Kinshasa.
Dans une déclaration à la fois optimiste et mesurée, le ministre a révélé que l’ennemi, longtemps resté insaisissable, est désormais clairement identifié. Mieux encore : il a accepté de signer un accord de paix.
« La guerre a trop duré chez nous car notre ennemi n’était pas encore identifié. Aujourd’hui, il est connu, et il a accepté la paix », a affirmé le patron de la sécurité intérieure devant les journalistes.
Selon Shabani Lukoo, cet accord s’inscrit dans la continuité des négociations de Doha, qui ont vu la participation directe d’acteurs jusqu’alors restés dans l’ombre.
« Ils ont accompagné leurs agents à Doha pour leur dire que c’est fini. Il faut arrêter tout ça maintenant », a-t-il expliqué, suggérant que des appuis politiques et logistiques étrangers se retireraient des groupes armés opérant à l’est de la RDC.
Bien que le ministre n’ait pas explicitement nommé les parties impliquées, plusieurs sources diplomatiques évoquent l’engagement d’acteurs régionaux soupçonnés de soutenir le M23 et d’autres groupes rebelles actifs au Nord-Kivu et en Ituri.
Un espoir fragile dans un contexte encore instable
L’annonce de ce cessez-le-feu intervient alors que les violences continuent de frapper les populations civiles à l’Est du pays. Les combats entre les FARDC, les groupes d’autodéfense et les mouvements rebelles comme le M23 se poursuivent, souvent au mépris des conventions internationales.
« Ce processus ne réussira que si tous les Congolais s’y engagent. Il faudra de la vigilance, de la cohésion et un suivi strict », a ajouté Shabani Lukoo.
Le ministre a ainsi annoncé la mise en place de missions de suivi pour garantir l’application effective des engagements pris dans le cadre du nouvel accord.
Pour de nombreux analystes politiques, la reconnaissance implicite par certains États de leur soutien aux groupes armés et leur volonté affichée de se retirer du conflit constitue un tournant stratégique. Si elle est concrétisée, cette avancée pourrait amorcer une nouvelle dynamique de paix dans l’est de la RDC.
Mais les défis restent immenses, notamment le désarmement effectif des rebelles, le retrait des troupes étrangères infiltrées, la restauration de l’autorité de l’État dans les zones de non-droit, la protection des civils et la justice pour les victimes
Une paix espérée, mais à surveiller
L’histoire récente de la RDC a montré que les promesses de paix ne suffisent pas. La réussite du processus dépendra de sa mise en œuvre concrète sur le terrain, de la bonne foi des signataires, mais aussi de la capacité de l’État congolais à rétablir la confiance auprès de sa population.
La fin de la guerre n’est peut-être plus un rêve lointain, mais elle reste suspendue à l’action immédiate et collective.
Diddy Mastaki