Trente-trois civils non armés ont été tués entre le 13 et le 21 juillet 2025 dans le territoire de Djugu, en province de l’Ituri, selon des sources locales concordantes. Face à cette nouvelle flambée de violence, le député national élu de l'Ituri, Gratien Iracan de Saint-Nicolas a saisi officiellement la Première Ministre de la République démocratique du Congo, transmettant la liste complète des victimes ainsi que les premières données documentées sur les circonstances des meurtres.
« Des civils ont été exécutés froidement, sans protection, dans l’indifférence des forces censées assurer leur sécurité. Nous demandons des réponses, des sanctions et des actes forts », a déclaré le député élu de l’Ituri.
Selon les témoignages recueillis, les tueries ont eu lieu dans plusieurs localités de Djugu, notamment autour de Lopa, Kobu, Itendeyi et Nizi. Des miliciens CODECO sont pointés du doigt, mais des éléments identifiés comme appartenant aux forces armées régulières (FARDC) auraient également été présents ou passifs au moment des attaques.
Dans sa lettre à la cheffe du gouvernement, Gratien Iracan a appelé à l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante sur les responsabilités dans ces crimes et la mise en place d’un dispositif de protection civile renforcé, notamment dans les zones rurales ainsi que des poursuites judiciaires contre les auteurs et complices, quel que soit leur statut.
« Il est inadmissible que des civils soient tués en pleine journée, parfois à proximité de positions militaires ou de la MONUSCO, sans aucune réaction », a-t-il ajouté.
La province de l’Ituri reste l’une des plus instables du pays, malgré la présence conjointe des FARDC, de la MONUSCO et des opérations dites de «stabilisation». La société civile locale dénonce régulièrement la passivité de l’État face aux massacres récurrents, et la multiplication des groupes armés actifs dans la région.
Gratien Iracan, qui siège à l’Assemblée nationale depuis 2018, est l’un des parlementaires les plus actifs sur les questions sécuritaires en Ituri. Il appelle à une réforme du commandement militaire local, à une implication directe du chef de l’État, et à un dialogue structuré avec les communautés marginalisées pour mettre fin au cycle de violences.
« La sécurité de l’Ituri ne peut plus être reléguée au second plan. Chaque jour de silence coûte des vies », conclut-il.
La transmission de cette liste de victimes par le député Gratien Iracan dépasse le simple geste administratif : elle interpelle l’État, réveille les consciences, et exige une rupture avec l’indifférence habituelle. Car en Ituri, chaque nom sur cette liste raconte l’histoire d’une vie brisée, d’une famille endeuillée, et d’un État qui tarde à protéger. À Kinshasa, l’heure n’est plus aux discours, mais à l’action.
Joël Heri Budjo